Comité d'information et de liaison des cadres dirigeants
retraités de France Télécom

La lettre du

janvier 2003 N°25

      Nous changeons d'année. Et des changements s'annoncent pour 2003. Pour notre ancienne entreprise, c'est l'année n° 1 du redressement, nouveau Président, nouvelles équipes, nouveaux plans d'action. Plus modestement, pour le COLIDRE, des élections, de nouveaux collègues qui viennent, nous l'espérons, pleins d'idées, de projets. Partout, dans le monde, notre pays, nos familles, des changements se préparent.

Pour les hommes politiques, c'est un slogan. «Il faut changer la vie» (François Mitterrand). Mais je n'en ferai pas l'objet de mes vœux. Car ces projets se heurtent au fait que l'homme, lui, ne change pas, ou si peu.

Alors, les philosophes contemporains se tournent vers le bonheur, la réussite. «Qu'est-ce que réussir sa vie ?» (Luc Ferry). Le Ministre examine les conditions de la «vie bonne» depuis les sagesses antiques jusqu'à l'humanisme d'aujourd'hui en passant par «le moment nietzschéen».

Vous souhaiterai-je alors le bonheur, la réussite ? Bien volontiers, mais comme c'est vague ... et comment trouver les mots pour décrire les bonheurs particuliers qui conviennent à chacun ? Me guette la banalité, ou bien la maladresse. Et j'ai en tête les mots d'Albert Camus «mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde». Non, à Dieu ne plaise....

Incertain de mon langage, je pourrais peut-être me tourner vers les poètes. Car, eux, ils savent exprimer l'ineffable, décrire un sentiment, susciter un rêve. Et je trouverai bien un poème où, à mots choisis, seraient exprimés les souhaits que je vous adresse. Mais je sens alors peser sur moi le regard d'outre-tombe du Roi Louis XVIII qui s'écriait à propos du Chateaubriand : «gardez-vous bien d'admettre jamais un poète dans vos affaires, il perdra tout. Ces gens-là sont bons à rien».

En désespoir de cause, je me tourne vers l'anglais, la langue universelle, apte à tout dire, sinon à tout exprimer. Happy new year, peut-être. Mais non, quand on expliquait au Général de Gaulle la nécessité de parler l'anglais, celui-ci, dit-on, citait ce mot de l'empereur Charles Quint. Il disait «on parle français aux hommes, italien aux femmes, allemand à son cheval, espagnol à Dieu. Mais qui avait jamais entendu que l'on parlât anglais ?» Rien à faire, donc. Alors simplement, bonne année à tous.

Yves FARGETTE

Voyage en Tunisie en
octobre 2002

A l'initiative du Président du COLIDRE, Yves FARGETTE, qui souhaitait entretenir les bonnes relations établies depuis de nombreuses aimées entre dirigeants des télécommunications françaises et tunisiennes, le COLIDRE a organisé avec le concours de FRAM un voyage en Tunisie du 20 au 26 octobre 2002.

La délégation du COLIDRE comprenait 32 membres dont 14 conjointes.

Les deux premières journées* lundi 21 et du mardi 22 furent consacrées à la visite de Tunis et de ses environs Carthage, Sidi Bou Said, les souks de la médina, le musée du Bardo, les poteries de Nabeul.

Le dîner du lundi permit de rencontrer une dizaine d'anciens dirigeants des télécommunications tunisiennes et leurs conjoints, parmi lesquels MM. KHOUADJA et BEN CHEIK anciens ministres des télécommunications et camarades de promotion à Sup Télécom de notre Président.

En outre, le mardi midi, le groupe du COLIDRE alla visiter à l'invitation de M. CHKIR, Président de l'homologue tunisien de TDF, un centre émetteur situé au sommet d'une montagne à 60 km au sud de Tunis.

Après ce séjour à Tunis, 26 membres du groupe prenaient l'avion en fin de soirée pour Tozeur, lieu de la deuxième partie du voyage consacrée exclusivement au tourisme. Durant les trois jours de ce séjour, les participants ont particulièrement apprécié les visites en 4 x 4 des oasis de montagne et aussi de Tozeur et de Nefta, le dernier morceau de bravoure étant le vendredi en fin de journée l'assaut des dunes à dos de dromadaire pour contempler le coucher de soleil sur le désert.

Le mercredi 23, le Président FARGETTE accompagné de M. GRENIER, qui comme lui n'avait pas continué sur Tozeur, rendait visite au Ministre tunisien des Télécommunications pour manifester l'intérêt que les anciens dirigeants de France Télécom portent au maintien d'excellentes relations entre les télécommunications françaises et tunisiennes.

Pierre FORTIN

L'intérêt de Jacques Dondoux pour le progrès technique, et en particulier les technologies numériques, l'a conduit à s'impliquer dans les négociations internationales. Il pensait que l'Industrie française, naissante, pourrait affirmer son avance et trouver des marchés à l'extérieur. Dans cet esprit il n'a pas remis en cause les liens entre Affaires Industrielles et Affaires Internationales, institutionnalisés par son prédécesseur. Il n'est donc pas étonnant que son parcours l'amène, en fin de carrière prestigieuse, au poste de Secrétaire d'Etat au Commerce extérieur.
Difficile de décrire en détail toutes ses actions dans ce domaine, lorsqu'il est devenu Directeur Général des Télécommunications.

Mais on peut rappeler quelques faits marquants : d'abord sa grande disponibilité pour recevoir les nombreuses délégations étrangères qui nous visitaient et son intérêt pour les bureaux de représentation que nous avions créés dans les différentes parties du monde son appui constant dans les grandes relations : Chine, Inde, Union Soviétique

Dois-je ajouter que sa puissante personnalité, sa réputation de chercheur alliée à sa vaste compétence technique, sa culture et le rayonnement de son intelligence ne manquaient pas d'impressionner ses interlocuteurs.

Sa bénédiction finale pour la construction du premier câble transatlantique en fibre optique : TAT 8 et ses efforts pour remettre de l'ordre dans la coopération avec l'Afrique où plusieurs filiales de la maison «se marchaient sur les pieds»

Mais il faut particulièrement souligner l'impulsion décisive de Jacques Dondoux pour le choix de la technologie numérique, dans les négociations que je menais avec l'Allemagne pour la création d'un système mobile franco-allemand moderne qui s'est étendu à toute l'Europe sous le nom de GSM et qui doit beaucoup à sa vision audacieuse.

Jean GRENIER

Les espoirs et les difficultés
de la portabilité.

En juillet 2003, selon les directives publiées par l'Autorité de Régulation des Télécommunications, les numéros de nos téléphones mobiles deviendront «portables». En clair cela signifie que l'utilisateur pourra envisager un changement d'opérateur et conserver son numéro d'appel. Economiquement, ce nouveau service permettra aux entreprises qui disposent d'une flotte de mobiles de mettre en concurrence les trois opérateurs GSM. Grâce à la portabilité, en effet, il ne sera plus nécessaire de modifier le plan de numérotation et on imagine aisément ce que cela représente au plan commercial vis à vis des clients. Mais ce qui pourrait être un rêve pourrait aussi devenir un véritable cauchemar. Cette mise en concurrence risque en effet de perdre de son intérêt car, dans le même temps, le développement d'applications faisant usage de capacités nouvelles de transports de données sont incompatibles d'un réseau d'opérateur à l'autre.
Longtemps souhaitée, la portabilité a été freinée car elle se heurtait à des arguments techniques et réglementaires: développement des systèmes, directives européennes, temps de négociations indispensables....
Des délais supplémentaires ont ainsi été accordés, ce qui a permis entre temps aux opérateurs, d'augmenter de manière importante les capacités des réseaux. Aujourd'hui cette situation se concrétise par la sortie des premiers vrais services multimédias. Toutefois il faut constater que si les opérateurs utilisent les mêmes technologies de transport (GSM), leurs choix concernant les couches applicatives, sont radicalement différentes. On voit donc que le changement d'opérateur reste problématique dès lors que cela implique un coût supplémentaire en terme de formation notamment.
La solution passe donc par un effort de normalisation des couches dites hautes pour rendre la portabilité acceptable économiquement. Une autre solution consisterait à réglementer l'accès aux réseaux et à permettre ainsi aux entreprises de développer des applications indépendamment des opérateurs loueurs de capacités de transport. C'est ce qu'on appelle les opérateurs virtuels.
L'arrivée de ces opérateurs virtuels, légalement prévue avec l'avènement de l'UMTS, devrait normalement hausser le niveau de concurrence mais sans changer la donne initiale dans la mesure où la plupart des applications auront entre temps été développées. De longs et pénibles efforts seront donc nécessaires pour bénéficier d'une véritable souplesse dans l'application d'une concurrence sans heurt.

NDLR

INFORMATIONS :

Actualité France Télécom

Au cours des trois derniers mois, l'actualité France Télécom a donné lieu à quelques événements repris par la presse. En voici quelques exemples.

Nominations

Les indications fournies ci-dessous sont les plus récentes en notre possession. Compte tenu des dernières péripéties à France Télécom, elles évolueront sans doute rapidement.

Les nouveaux Administrateurs de France Télécom sont les suivants :

Thierry BRETON, Président

Bernard DUFAU, ancien PDG d'IBM France

Arnaud LAGARDERE, Gérant de Lagardère SCA.

Henri MARTRE, ancien Président d'Aérospatiale.Stéphane RICHARD, PDG de Nexity.

Marcel ROULET, ancien Président de France Télécom et de Thomson SA.

D'autres nominations et affectations :

Bernard BRESSON est nommé Directeur des Ressources humaines

Jean-Pierre ACHOUCHE est Directeur des Réseaux Publics à F.C.R.

Georges LEPERCHEY est Directeur Général d'Enel/Wind à Rome.

Maurice BORDAS est Directeur Général de France Télécom/Lince à Madrid.

Gilles VAILLANT est Directeur Général de Pramindo en Indonésie.

Michel GRASSET est Directeur Général-adjoint de Sonatel au Sénégal.

Bertrand LEGUERN est Directeur Technique Centertel en Pologne

Hervé CAYLA est Directeur Général d'Easy Link en Chine

Salah BOURRAD est Directeur Général de FTML au Liban

Pavol LANCARIC est Directeur Général de Globtel en Slovaquie

Monique ZETTERSTROM est Directrice Générale de Mobilix au Danemark

Pierre MATTEI est Directeur Général de MobilRom en Roumanie

Bernard GHILLEBAERT est Directeur Général de Mobistar en Belgique

Luc SOLENTE est Directeur Général de Voxtel en Moldavie

Jean-Pierre BONY est Directeur Général d'Optimus au Portugal

Osman SULTAN est Directeur Général de Mobinil en Egypte

Très important.

En ce début d'année, il est bon de rappeler que le paiement des cotisations doit s'effectuer dès le mois de Janvier pour être en règle avec les statuts de notre Asso ciation.
Pour ce faire, vous pouvez, soit transmettre un chèque, de 35€ à l'ordre du Colidre, soit effectuer un virement postal sur notre CCP, n°41 705 08 B - La Source. Merci de votre fidélité.

Le compte rendu de l'Assemblée Générale du 18 décembre 2002 paraîtra dans le prochain Bulletin

Mesdames, Messieurs, Chers amis,

Le 11 juillet dernier, beaucoup parmi vous s'en souviennent, nous avons célébré le 40ème anniversaire de la réussite de l'expérience Telstar, inaugurant ainsi la télévision mondiale. Cette manifestation était organisée avec l'association des Amis du Musée, dont le Président, M. Roger Legallais, est ici présent à mes côtés.

Nous avons participé ce jour-là à la pose d'une " milestone " de l'IEEE - the Institute of Electrical and Electronics Engineers - , plaque commémorative rappelant l'événement de 1962, simultanément dans les trois sites qui ont participé à cet exploit, Andover, aux EtatsUnis, Goonhilly, en Grande Bretagne et ici, en France, à Pleumeur-Bodou, et ceci grâce à une vidéotransmission, en direct, avec nos partenaires. Ce jour-là, M. Victor Fouad Hanna, Président de l'IEEE -France, nous a fait le plaisir d'être à nos côtés, tandis que d'autres représentants éminents de l'IEEE se trouvaient dans les deux autres sites. Aujourd'hui, nous avons le grand privilège d'accueillir M. Raymond Findlay, Président général de l'IEEE, qui a bien voulu faire le déplacement jusqu'à Pleumeur-Bodou à l'occasion d'un voyage en Europe. Soyez remercié, cher Monsieur Findlay, de nous avoir rejoint pour dévoiler avec nous la plaque commémorative, en français, que l'IEEE-France nous a offert. Votre présence parmi nous, en compagnie de M. Victor Fouad Hanna, est une grande satisfaction en même temps que la reconnaissance par votre prestigieuse organisation de l'intérêt que vous portez à l'expérience Telstar et à la contribution déterminante des équipes françaises à la réussite de cette opération au retentissement exceptionnel. En effet, je crois qu'il est bon de la rappeler, grâce à Telstar et à ses stations terriennes, la communication instantanée à distance devint globale et universelle. Les développements iront alors très vite. Les bonds technologiques sont considérables. Les émissions de télévision en direct se généralisent et, aujourd'hui, plus personne ne s'étonne en allumant le poste de télévision de voir en direct un événement qui se produit à des milliers de kilomètres. Permettezmoi, à cet égard, de souligner l'immense contribution des chercheurs et des ingénieurs du CNET-Centre national d'études des télécommunications -, désormais rebaptisé " France Télécom / Recherche et Développement " , à ces progrès des sciences et des techniques en électronique et en télécommunications. Nombre d'entre eux sont, vous le savez, des membres d'IEEE. Aujourd'hui, pour des raisons que tout le monde connaît, un changement de cap s'est imposé et la recherche dans les laboratoires est focalisée sur le développement de services nouveaux toujours plus variés, plus riches et plus performants.

Cependant, celui qui débuta sa carrière d'ingénieur au département " Télécommandes " du CNET (c'est de moi que je parle, je vous prie de m'en excuser) se devait de saluer les efforts et les succès de ses collègues anciens et présents. Je remercie Michel Joindot, lui-même membre éminent d'IEEE, de leur transmettre ce message. A ce propos, je dois présenter les excuses de notre ami Pascal Viginier, directeur de France Télécom / RetD, également membre de IEEE et chargé par cet Institut de préparer l'International Communication Conférence qui se tiendra en juin 2004 à Eurodisney...

C'est une véritable révolution dans nos moyens de communication qui se poursuit sans désemparer depuis plus de trente ans et j'ai souligné, le 11 juillet dernier, qu'elle ne pouvait pas être sans conséquence sur notre vie. Votre compatriote Marshall McLuhan, cher Monsieur Findlay, a parfaitement décrit, parlant de la Terre entière transformée en " village global " , ce rétrécissement de notre champ de vision. Aujourd'hui, aucun des événements importants qui ont lieu dans le monde ne nous échappe. La mondialisation, c'est aussi ce développement fabuleux des communications par câbles et par satellites. J'ai également insisté sur ce paradoxe qui veut que nous puissions être informés immédiatement de ce qui se passe au loin en ignorant totalement ce qui se déroule près de chez nous. Car, il me semble utile de le répéter, nous ne connaissons que ce que les médias veulent bien nous dire. La famine qui sévit toujours dans certaines parties du Tiers Monde, l'exploitation des enfants dans nombre de pays, les dictatures qui se maintiennent ici ou là, nous n'en avons connaissance que par les journalistes ou certaines organisations, lorsque ceux-ci ou celles-ci veulent bien nous faire parvenir des images. La télévision mondiale n'est donc qu'un outil dans les mains de ceux qui font métier de nous informer et dont la mission est de nous informer le plus objectivement possible.

J'ai ainsi conclu que nous devions impérativement garder notre esprit critique, celui de la raison, ce souci constant de la réflexion qui fait de l'homme un être à part dans l'Univers. N'oublions jamais que la technique, tous ces outils, ces machines, ces engins que nous inventons ne sont là que pour nous servir, c'est à dire pour améliorer notre vie sur terre et, but suprême, nous rendre meilleurs, plus fraternels, plus humains. Si nous y parvenons, alors oui, cette belle aventure de la télévision mondiale aura été un réel progrès pour l'humanité.

Permettez-moi, avant de passer la parole à M. Victor Fouad Hanna, Président d'IEEE-France, de le remercier très vivement pour le don de cette plaque commémorative gravée en français, et de vous renouveler encore une fois, cher Monsieur Findlay, tous nos remerciements pour votre présence parmi nous aujourd'hui.

Denis VARLOOT