Comité d'information et de
liaison des cadres
dirigeants
retraités de France Télécom

Paris le 11 mai 2003


Voici le message que je viens de recevoir de notre collègue Daniel Battu
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Bonjour,

j'ai deux questions à poser au Groupe Histoire qui sont suggérées par l'activité que j'ai déployée dans le domaine de la vulgarisation technique. Merci aux spécialistes d'éclairer ma lanterne - ce qui ne présente pas de caractère d'urgence.

  1. exponentielles et décibel

    Dans les années 1950, les règles de la fonction publique astreignait les fonctionnaires à subir un cours de formation professionnelle lorsqu'ils changeaient de catégorie. Aussi, de braves agents des installations, titulaires d'une vingtaine d'années de service devaient "monter" rue Barrault pour plusieurs mois de formation théorique, dont une bonne semaine était consacrée aux développements mathématiques de e puissance x. En raison d'une certaine "mixité" de la formation des contrôleurs IEM, j'ai bénéficié de cette formation et je dois dire que j'ai admiré la pédagogie développée à cette occasion par les spécialistes de la Rue Barrault. Partant du développement en série du nombre e, jour après jour, les pauvres transpirants parvenaient à deviner puis à comprendre d'où venaient les logarithmes naturels et le Néper. Le support de cours était remarquablement structuré palier par palier, et je me suis toujours demandé pourquoi la hiérarchie de l'époque avait développé tant d'efforts (et de temps) en direction de la cheville ouvrière. Certes, l'obligation administrative était présente, mais j'ai admiré en quelque sorte la main tendue par le haut niveau vers les "troupes d'en bas" ! Je crois que c'est assez inhabituel dans la culture française (voir "La vulgarisation scientifique" de Pierre Laszlo, collection Que sais-je ?) et en général, les ouvrages de la Collection bleue du CNET demeurent d'un style impénétrable aux néophytes. "Ces choses là sont rudes. Il faut pour les comprendre, Madame, avoir fait des études !" Aujourd'hui, le climat a changé et c'est la Loi du Marché qui commande les formations avec la discrétion nécessaire qu'impose l'état de concurrence entre les intervenants. En bref, la question se pose aujourd'hui de savoir comment organiser une formation de langue française, adapté au terrain, rapide, efficace, utile, commerciale (à l'image de ce que font les anglo-saxons - puisque les frontières sont ouvertes), tout en tenant compte de l'évolution rapide des techniques et du marché. Pour ma part, la formation que j'ai bâtie pour Dauphine ces onze dernières années montre que c'est un travail de Sisyphe, passionnant mais jamais satisfaisant. Sur ce thème général (en plus des noms des auteurs de la plaquette sur les développements en série et le Néper), j'aimerais beaucoup avoir un bouquet d'opinions de nos amis du Groupe Histoire.

  2. Cartes à puce

    Je me demande s'il existe un ouvrage bien complet disponible sur la carte à puce. Chaque auteur semble connaître un morceau de l'histoire, mais il n'en dévoile qu'un ou plusieurs, jamais la totalité du feuilleton n'est démontrée. Je résume mes questions à ce sujet . Il y a d'abord le mystère de la lenteur du démarrage du projet. ça traîne côté des banques (Moreno avait-il trop d'appétit ?). Puis les télécoms interviennent. Et sur ce point (d'où vient la médisance ?) un mémoire d'étudiants de Dauphine m'annonce que c'est pour garder le monopole de cabines que FT a lancé les publiphones à carte téléphonique (?) . Stupeur ! Je n'avais jamais entendu parler de ce canard de journalistes ! Il me semblait que c'était pour contrer les pirates des publiphones à jetons ! Comme quoi, les ragots ont la vie plus longue que la vérité ! Le dernier aspect qui m'intrigue dans la carte à puce, c'est l'économie du système (on voit le poids des questions posées par les étudiants de Dauphine !). En effet, les cartes à puce sont utilisées dans plusieurs domaines (contrôle d'accès, parkings, identification, etc. ) et il en existe de plusieurs modèles. Les télécoms françaises sont sauf erreur de ma part à l'origine de l'essor de la carte à puce en général. mais, ceci ne veut pas dire que la carte soit un système rentable en lui-même. C'est l'application qui gagne dans l'usage de cet investissement. Donc, c'est un peu comme dans le dossier du Minitel, l'ensemble des partenaires de l'exploitant gagne dans la mise en place de l'outil, mais pour l'exploitant, c'est une charge d'investissement et il doit trouver une clé de répartition des profits réalisés. Je crois que c'est un phénomène d'induction économique assez mal connu où il y a copartage de responsabilités dans les études et le déploiement. Il y a en Finlande un nouveau système de carte tout usage qui vient d'être mis en place (je crois à Tempere) avec succès. Il montre à mon sens que la compétition entre acteurs n'a ici plus réellement de sens. C'est une autre idée économique intéressante à poursuivre. Les exemples de synergie entre outils de télécommunications se multiplient et la nature de l'OS y tient maintenant une place importante. J'aimerais connaître l'opinion générale du Groupe Histoire sur tous ces aspects évoqués ici.

cordialement D Battu
Copyright(c) . Created: 11/05/03 Updated: 11/05/03