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Le Pecq sur Seine, le 28 avril 2002
mis à jour le 12 juin 2002

Après son accueil, dans le hall d'entrée d'Alleray, par Yves Fargette, Bernard Esambert, nous a offert une passionnante conférence qui s'est déroulée au 7ème étage, devant une cinquantaine de membres du Colidre.

Bernard Esambert à côté de notre Président.

A l'estrade : Bernard Esambert à côté du Président du Colidre : Yves Fargette

Vue d'une partie de l'auditoire

Je vous laisse le soin d'exercer votre mémoire à l'aide de votre trombinoscope :
L J Libois, Schwob, Thué, F.Scholler, J.Henaff, R.Veilex, J.P Houssin, P.Fortin, R.Legaré, Viard, Daviaud, J.C Godard, A.Darrigrand, Bréus, G.Gerbier, Poisson, D.Varloot, Salvador, Desécures, Paris, J.Médecin, R.Ferrieu, J.Le Mézec, J.Gonnord, Martin, J. Astié. (en passant la 'souris' sur leur visage vous aurez leur nom)

Ecouter      le document sonore du texte d'ouverture de cette conférence.

Je vais vous donner ce matin ma version, ma vérité sur cette époque des années 67 à 74, en matière de développement des télécommunications - elle est tout à fait contestable, moi je n'ai vécu qu'une partie des choses et donc j'accepte tout à fait qu'on puisse ne pas être d'accord avec ce que je vais dire - simplement cette vérité je l'ai transcrite dans un certain nombre de papiers ; j'ai ici, pas tous les documents, mais la plupart des documents que j'ai écrits à l'époque soit :

et comme nous sommes maintenant en 2002, je pense qu'il y a prescription ; et donc ce document, je le donnerai à notre ami historien, à la fin de cette séance et il est à mes yeux public, utilisable publiquement.

Bernard Esambert nous a indiqué dans quelles conditions, il avait été sollicité, en juillet 67 par Michel Jobert, alors chef de cabinet du Premier ministre, Georges Pompidou, pour venir, chargé de mission, dans son cabinet :

La situation du téléphone en 67 était la suivante :

Pourquoi cette situation :

En septembre 1967, le bleu du budget 1968 était déjà bouclé, les arbitrages avaient eu lieu en août. Le taux de croissance du budget des PTT était inférieur à 5%.
Yves Guéna venait d'arriver aux PTT ; je l'ai rencontré avec Yves Fargette dont j'ai fait la connaissance à cette occasion et je lui ai indiqué que :

Ce réarbitrage eut lieu et le taux de croissance des investissements a été porté à 18 % pour l'année 1968, niveau jamais atteint jusqu'alors.
Michel Debré, a versé une larme, car il était partagé entre :

.
Deux groupes de travail : avaient proposé un taux de croissance des investissements de 20% sur plusieurs années pour commencer à rattraper notre retard ;
en contre partie le prix des matériels devait baisser sensiblement ce qui permettrait une croissance de plus de 25 % des investissements physiques.

Yves Guéna a convoqué les industriels pour leur faire part de la bonne et de la mauvaise nouvelle

Les industriels sont venus pleurer dans mon bureau, l'un d'entre eux m'a traité de "fossoyeur de l'industrie des télécommunications" ; c'était Georges Pébereau, alors Directeur général de la CIT- avec qui j'ai déjeuné hier : il a reconnu qu'il l'avait dit et qu'il avait eu tort de le dire ; il se devait de faire du "lobbying"- ; il était accompagné par les patrons de l'AOIP et d'ITT.
J'avais remarqué que la formule d'indexation comprenait une petite partie fixe, le coût de la main d'œuvre et le taux de l'inflation ; aucun gain de productivité n'était donc pris en considération.
A cette époque Jannès et l'AFUTT clamaient cette réalité :


En février 68, nouveau comité où il fut décidé de porter à 20 % le taux de croissance des investissements pour les trois dernières années du 5ème plan soit 68, 69 et 70. Le téléphone n'était plus considéré comme étant réservé aux consommateurs aisés ni comme un gadget. La DATAR disait même que son absence freinait le développement économique de notre pays et la venue d'investissements étrangers. L'environnement ministériel n'en était pas conscient. L'AFUTT estimait à 1 % du PNB le coût des heures perdues par suite de l'impossibilité d'obtenir correctement une communication. Pourtant le téléphone était le plus rentable des investissements publics ; le taux atteignait 25 % en comptabilité analytique et on pouvait espérer beaucoup mieux en faisant baisser les prix des matériels.
Socotel et Sotelec avaient eu depuis 1950 un rôle essentiel dans la mise en commun des efforts de recherche mais, en matière de prix, leur maintien conduisait aux inconvénients résultant de la présence d'un duopole.
La Direction du Trésor fut sollicitée pour : En 69 sous, Couve de Murville alors Premier ministre, le taux de croissance prévu se pérennise ; malgré cela : Après les élections présidentielles, je fus promu Conseiller technique du Président de la République et j'avais cette fois en charge l'Industrie.
Pour mémoire le cabinet de la Présidence comprenait : Le budget consacré à la R & D fut porté de 2,5 % à 2,8 % du PNB puis à près de 3 % pour redescendre à 2,2 %
Pendant trois ans se sont tenus 40 conseils restreints sur l'encouragement au monde des entreprises où il fut traité les sujets suivants :

De nombreuses fusions étaient annoncées par voie de presse d'autres nous étaient annoncées la veille ; cela s'est produit pour la fusion de Pechiney (Jouven) et Ugine Kulman (Grézel) à 18h01, soit après la fermeture de la bourse, évitant ainsi de faire de nous des initiés ; et parfois directement à Georges Pompidou, pour celle de St Gobain et Pont à Mousson par Roger Martin.

Georges Pompidou disait aux industriels : "

"

Je me rappelle avoir écrit dans la revue "Les informations" un article intitulé : la guerre économique en 70 et même un livre avec ce titre qui a été estimé par mon éditeur non commercial" et j'ai du en écrire un deuxième avec un autre éditeur pour reprendre mon titre.

La prise de conscience de l'importance du téléphone était réelle, de même celle des transmissions de données ; un nouvel élan était donné avec l'usage des satellites sans que pour autant on imagine tout le développement qu'ils ont eu.

En 9/69, deux mois après les élections, nouveau comité restreint sur les télécoms ; les objectifs retenus furent :

Ceci nécessitait des taux de croissance du budget supérieurs à 20 %, hors d'atteinte du cash-flow et des emprunts annuels publics des PTT.

Robert Galley raconte : "en punition de ce qu'il n'avait pas accepté d'être ministre de l'Education Nationale, par trois fois, Georges Pompidou, en juillet 69, lui dit :Je vous colle aux PTT ; vous allez me faire des PTT un secteur modèle ; je compte sur vous, vous êtes un ingénieur de formation, vous avez fait vos preuves dans le nucléaire ; je veux un secteur des Télécommunications ultra performant sous votre ministère ;

alors Robert Galley, hyper-motivé par la mission que lui avait confiée le président de la république et puisque c'était devenu un enjeu national, avec l'aide de ses collaborateurs, réunit des banquiers et il imagina la création de sociétés de financement privé pour des matériels en location-vente ; deux furent créées : .
Ainsi en 71 il fut possible d'avoir des taux de croissance des investissements de 20 à 28 % par an.
En 10/12/71, nouveau conseil des ministres où il fut décidé :.
Le taux de croissance des investissements fut porté à 40 % ; ce qui n'avait jamais été vécu dans le monde entier.

C'était le début d'une chevauchée fantastique.

Structure du ministère des PTT

Le téléphone s'autofinançait grâce à son cash-flow et à sa quote-part des emprunts des PTT ; une partie de son cash-flow était prélevé par La Poste car on n'osait pas élever au niveau ad hoc le prix du timbre pour des raisons politiques d'une part et de surveillance de l'index des prix d'autre part ; et donc régulièrement une partie du cash-flow dégagé par le téléphone servait à financer le déficit de La Poste et ce système était régulé par un secrétaire général du ministère des PTT dont le seul rôle était, dans le fond, d'organiser ce transfert ; il avait aussi un rôle non moins important celui de faire émettre quelques timbres réservés à quelques "happy few", qui étaient donc envoyés en début d'année, gracieusement, aux excellences de la République et à leurs entourages.

Ce poste de secrétaire général était devenu un privilège du corps des administrateurs civils des finances, qui y tenaient beaucoup. Le titulaire venait de prendre sa retraite en fin 70 et plusieurs noms étaient proposés dont deux servaient de repoussoir. A leur grande surprise, ils se sont entendus répondre qu'il n'y aurait plus de secrétaire général, cela a soulevé un petit peu d'émotion ; peu de temps après, j'ai reçu une nouvelle délégation des administrateurs civils me disant que tout cela était impensable et que, le poste existant, il fallait bien le pourvoir ; écoutez : tant que je serai là il ne sera pas pourvu et effectivement un projet d'arrêté a été rédigé avec un heureux élu qui devait devenir secrétaire général des PTT, je l'ai mis dans mon tiroir et il n'en est jamais ressorti ; j'ai même reçu, je me souviens, la visite du secrétaire général du gouvernement qui était Renaud Donnedieu de Vabres : "écoutez, Esambert, soyez sérieux, il faut que cet arrêté sorte ; il ne sortira pas sauf si le président de la république m'en donne l'ordre, alors voyez avec le président de la république ; le président de la république, parfaitement au courant de ce hold-up sur la désignation d'un secrétaire général a calmé le secrétaire général du gouvernement ; on n'a pas supprimé le poste réglementairement, il est tombé en désuétude et il a été supprimé quelques années plus tard.

J'ai eu aussi à bloquer dans mon tiroir le renouvellement de la convention Socotel dont le rôle était devenu néfaste car il officialisait une entente sur les prix ; il en fut de même pour le renouvellement de la convention Sotelec
Le secrétaire général du gouvernement n'a pas réussi à faire ouvrir le tiroir ad hoc de mon bureau.

La disparition du secrétaire général n'avait pas résolu pour autant ce problème de transfert de cash-flow ; car à partir du moment où il y avait un déficit de La Poste, secrétaire général ou pas, il fallait bien le combler ; mais en tout cas il l'a rendu moins facile, puisque cet arbitrage s'est fait désormais au niveau du ministre, Robert Galley, qui était sensible à la nécessité de concentrer le maximum de moyen en faveur du téléphone ; la pression pour augmenter le prix du timbre ou pour gérer un peu mieux la partie postale du ministère s'est faite plus forte et on a réussi, progressivement, financièrement, à commencer à séparer la partie télécom, de la partie postale et de la partie financière du ministère ;

En outre le président de la république a demandé à Robert Galley de ventiler le budget des PTT suivant trois branches avec des comptes prévisionnels d'exploitation et d'opérations en capital, pour l'année suivante soit dès 70 ; à partir de 71 et les années suivantes il y a eu trois budgets des PTT qui commençaient à s'apparenter à des comptes d'exploitation et à des bilans de société anonyme, de société de droit privé. Bien entendu tout cela se faisait avec la complicité du ministre des PTT ; on songeait déjà à l'époque, au-delà de ces premières mesures évidentes à aller dans le sens d'une séparation entre les télécoms et les autres secteurs ; elles étaient évidentes pour différentes raisons :

L'idée qui se faisait jour, c'était celle de la création d'un Office national disposant de la souplesse de gestion d'un établissement industriel et commercial ; on n'osait pas parler d'un EPIC un peu ambigu, notamment vis à vis du statut du personnel.
Malheureusement, il y eut une réaction très violente de FO et de son secrétaire général M.Bergeron qui s'opposa énergiquement à toute évolution dans ce sens ; en fait, le leader de FO, extraordinairement conservateur, n'avait absolument pas vu l'évolution à venir, il ne souhaitait pas s'y prêter ; il avait peur que FO perde sa prééminence aux sein du ministère des PTT ; et puis il y avait des divergences au sein du ministère des PTT, entre les trois structures financière, poste et télécom ; il n'y avait pas convergence des points de vue et il y avait même des divergences au sein de la branche "téléphone" sur la façon de donner plus d'aisance à sa gestion ce qui aux yeux de certains pouvait passer par le maintien du statut de l'époque modifié, actualisé, amélioré sans aller jusqu'à la révolution de la création d'un EPIC ou même d'un Office;

R.Galley était bien conscient de tout ceci ; pour être franc, à l'Elysée, G.P un peu sous ma pression - d'ailleurs, vous trouverez traces de tout ceci dans les notes que je vous laisserai tout à l'heure - incitait plutôt R.G à aller dans le sens d'une plus forte individualisation voire même d'un Office ; mais R.Galley, rendu prudent par ce qui s'était passé dans d'autres domaines, par le coût d'une individualisation passant par un changement de statut qui aurait coûté cher en terme de masse salariale et qui aurait obéré d'autant le cash-flow du téléphone, à un moment où on en avait cruellement besoin pour continuer à croître de 30 à 40 % par an, a renforcé la DGT, en la dotant de nouvelles directions, notamment de la Direction des Affaires Commerciales Financières et Internationales (DACFI), afin que, ce qui était déjà devenu à l'époque l'une des premières affaires, sinon la première affaire française industrielle en terme de chiffre d'affaires, puisse assumer convenablement ses responsabilités

Cela parait peu de choses et pourtant, je me souviens de la bataille qui a eu lieu auprès des finances pour créer une nouvelle direction et donc de nouveaux postes budgétaires au sein de la DGT ; cela a été une bataille absolument sanglante qui a mobilisé d'innombrables fonctionnaires pendant des mois, qui a du être arbitrée au niveau du Président de la République lui-même ; comme quoi, rien n'est jamais simple en France.

Lorsque Hubert Germain remplacera Robert Galley, avenue de Ségur, deux ans plus tard, la situation est la suivante :

Mais la demande s'est accrue, on continue à courir derrière elle et la fluidité du trafic s'en ressent, on s'aperçoit que l'objectif de raccorder tous les nouveaux abonnés, en 75/76, dans un délai de trois mois devient utopique ; il faut de toute évidence aller plus loin.

Une troisième accélération est envisagée à l'époque, nous sommes en fin 73 début 74, pour arriver à des taux de croissance de 30 à 40 % des investissements pour 74, 75 et 76 avec comme objectifs :

Du côté de l'administration des PTT, le caractère d'évidence industriel et commercial des activités du téléphone n'a entraîné qu'un faible assouplissement de la gestion et il faut continuer à faire face aux impératifs d'une croissance échevelée, nécessaire, diabolique mais salutaire ; il faut une politique intensive de recrutement, de promotion et de rémunération du personnel et on sait très bien que dans la fonction publique, il faut deux ans pour obtenir des emplois, alors qu'il faut au jour le jour adapter la direction générale des télécommunications à cette chevauchée effrénée et il est déjà clair à l'époque que les Télécoms allaient devenir la première entreprise française devant EDF, Péchiney et la SNCF avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 30 milliards de francs. On butte toujours sur le même problème de savoir si on peut rester sur un statut public avec les dérogations nécessaires pour arriver à faire face à ce challenge ou s'il faut aller jusqu'à la sortie de la fonction publique et à la création d'un établissement public du téléphone.

On me proposa de créer un Office public du téléphone et de la Poste ; ce projet résolvait politiquement un certain nombre de problèmes, il se heurtait à une opposition atténuée des syndicats ; je me suis mis totalement en travers, de cette idée :

Les syndicats réagissaient en permanence à cette idée d'un Office, ou plutôt d'un établissement : on ne parlait plus d'Office à ce moment là, on parlait d'un établissement du téléphone ; le président de la république voulait tenir un conseil restreint ; il m'avait demandé de l'organiser

Fin 73, Hubert Germain proposa de faire une étude à son niveau avec les forces vives du ministère et des syndicats, avec comme objectif de permettre à la DGT de devenir une véritable entreprise ; deux voies devaient être comparées :

; avec remise d'un rapport sous deux mois soit en 2/74.

Deux budgets annexes distincts furent proposés, avec deux votes distincts au Parlement, comprenant :

Je me souviens que, dans le dossier que je rends aujourd'hui public, j'ai suggéré à Georges Pompidou d'accepter la réforme de M. Germain ; le choix était entre cette réforme et la création d'un établissement public des télécoms préfigurant France Télécom ; j'ai suggéré ce choix à Georges Pompidou, non pour des raisons politiques de crainte de mouvement important des syndicats - Hubert Germain était plutôt optimiste sur sa proposition - mais parce que la création d'un EPIC pour le téléphone aurait augmenté de 20 % la masse salariale et aurait réduit très fortement le cash-flow, empêchant le maintien à 30 ou 40 % de la croissance des investissements.
Le temps de programmer un conseil restreint, Georges Pompidou est mort quelques petites semaines plus tard et le dossier est resté inachevé.

Le choix du système de commutation

Suite aux études faites au CNET - un département RME avait été créé en 1950 par Pierre Marzin et Louis Joseph Libois - un choix devait être fait :

Robert Galley a très vite compris qu'il fallait faire l'impasse du spatial pour passer directement à PLATON et à ses successeurs ; il est venu m'en parler avant d'aller voir le président de la république ; j'ai été convaincu ; c'était une époque où on faisait confiance aux scientifiques et aux ingénieurs; on avait tendance à faire des paris - cf le nucléaire, le spatial, l'aéronautique, le transport terrestre avec le TGV, l'urba train et les projets chers à Bertin - on était plutôt dans une tonalité audacieuse et donc R.Galley est allé voir G.Pompidou en lui disant : "je souhaite développer le temporel et que l'on passe très rapidement de commandes à 2 à 3 % dés l'an prochain à 10 % de commandes en 75.

On considérait à l'époque - comme quoi on n'est jamais assez audacieux - que l'E10 convenait pour des petits et moyens commutateurs ou à des systèmes de transit et que pour le reste on irait moins vite.
En fait le temporel s'est développé beaucoup plus vite que prévu et de façon spectaculaire, sous les Tuileries, pour la région parisienne.

Voici une anecdote que Robert Galley raconte publiquement :

"Robert Galley cherchait un emplacement pour un central téléphonique au centre de Paris. Il est allé voir un certain nombre de sites et le Palais de la Découverte, parmi d'autres, convenait ; ce fut un sujet de discussion lors d'un déjeuner avec le Président Georges Pompidou.
La Villette dont le projet était naissant à l'époque pouvait accueillir le Palais de la découverte mais le conservateur tenait comme à ses prunelles à son appartement de fonction au sein du palais de la découverte et notamment à sa salle de bain qui était, parait-il, d'époque, historique et on n'a pas réussi à contourner cet obstacle
Georges Pompidou lui dit :"ne perdez pas votre temps, il y a des problèmes que l'on sait résoudre, comme faire croître le budget des télécoms de 40% et il y en a que l'on ne sait pas résoudre celui qui consiste à faire que le conservateur d'un palais national accepte de changer de salle de bains et donc trouvez-moi une autre solution."
Robert Galley, timidement a levé la main et a dit : Monsieur le Président "J'ai pensé aux Tuileries" ; les sourcils, d'ailleurs fournis de Georges Pompidou, se sont froncés comme vous pouvez l'imaginer ; "vous me donnez votre parole d'homme que vous rétablirez l'esplanade des Tuileries dans son état antérieur. ; à ce moment Robert Galley s'est levé pour dire : "je m'engage sur l'honneur à ce qu'il en soit ainsi" ; Georges Pompidou lui a dit : "Je vous donne les Tuileries, faites cela aux Tuileries.
C'est ainsi que ce central s'est créé sous les Tuileries."

Domaine de l'industrie

Dans le domaine de l'industrie, il faut que je dise un mot de la CGE qui jouait un rôle important, trop important aux yeux de certains et qui était très mal gérée, avec des taux de productivité très médiocres ; la chevauchée décrite ci-dessus l'a obligée à mieux se gérer et elle est devenue un fournisseur essentiel du secteur mais pas forcément discret en terme d'affichage d'ambitions ; cela irritait un certain nombre de gens et puis surtout on s'est tous demandé comment faire en sorte que la CIT soit incitée à continuer à mieux se gérer ; il y avait une négociation tous les trois ans sur les prix, dans laquelle la CGE faisait peser tout le poids de son lobbysme et ce n'était pas une négociation facile ; on cherchait les moyens d'attendrir le cuir de la CGE ; il y avait une façon évidente de le faire c'était de lui créer de la concurrence et l'idée est née à l'époque de le faire au travers d'une intervention de Thomson qui jouait le même rôle dans le domaine du plan calcul.
La rivalité entre les deux sociétés était manifeste et connue et nous avons été plusieurs à regarder si on ne pouvait pas donner un certain nombre de choses à faire à Thomson et à des sous traitants qui n'avaient jamais eu accès au marché des PTT, comme Matra, Electronique Marcel Dassault et quelques autres.

Cela ne s'est pas fait à l'époque pompidolienne

Cela s'est fait en 77/78 puis a débouché sur la fameuse revente de tout ce secteur, nouveau pour Thomson, à la CGE, présidée cette fois par G.Pébereau en 82 ou 83.

Cela ne s'est pas fait à l'époque mais la menace que cela se fasse a été formulée explicitement auprès de la CGE qui a réagi comme vous pouvez l'imaginer ; en tout cas le résultat a été atteint en matière de prix

Avant de partir j'ai rédigé une fiche sur chacun des dossiers, qui résumait ce qui avait été fait en 5 ans et ce qui, à mes yeux, restait à faire;

C'est François de Combret qui a pris mes fonctions, a trouvé ces fiches et avec qui j'ai souvent dialogué par la suite.

La CGE avait la maîtrise des systèmes et Thomson celle des composants. PLATON utilisait les calculateurs du plan calcul et partout dans le monde le schéma était bien celui là.

Ceci explique pourquoi la CGE est restée le grand fournisseur français en matière de commutation et dix ans plus tard pourquoi Gomez, Président de Thomson, a revendu à G.Pébereau, Président de la CGE, tout son secteur des télécommunications

L'essentiel est que la CGE soit devenue un véritable acteur mondial, pratiquant des prix décents et compétitifs, faisant preuve du dynamisme nécessaire en matière de recherches, ce qui est devenu le cas dès le début des années 70, et le dernier de la classe est devenu le premier et comme rien n'est jamais simple dans le monde industriel, il a de nos jours quelques soucis sous la houlette pourtant vigoureuse de Serge Tchuruk

Conclusion

"Si je devais résumer d'un mot ce que j'ai vécu de 67 à 74, je dirai que, quand l'Etat, les entreprises et les ingénieurs savent se ressaisir - et ils l'ont fait à un haut degré, pendant cette époque - eh bien tout est possible, et on peut devenir N° 1 technologiquement, N° 1 en terme d'exploitation.
Tout est toujours possible dans le domaine industriel, il suffit d'avoir la volonté et le talent de faire et tout est toujours possible de différentes façons : ce qui s'est passé démontre que le cheminement qui a été suivi de 67/74 et qui n'a pas été forcément le cheminement de 74 à 80, ni celui de 80 à 83 ni celui de 83 à l'arrivée de Serge Tchuruk et ni le cheminement depuis S.Tchuruk, , tous ces cheminements ont tout de même permis l'apparition d'un France Télécom qui se classe parmi les premiers exploitants mondiaux et d'un Alcatel qui se classe parmi les premiers fournisseurs de matériel mondiaux. Je vous remercie de votre attention".

Crépitent alors de longs applaudissements, chaleureux et enthousiastes attestant, ainsi, la joie des auditeurs après l'écoute d'une conférence aussi intéressante.


Yves Fargette : Il y a dans la salle des auditeurs éminents, dont Denis Varloot, qui a, sous sa direction, le Palais de la Découverte, à qui j'ai envie de leur passer la parole (rires dans la salle)

Avant de donner la parole à l'assistance, Yves Fargette a raconté dans quelle condition, alors qu'il était conseiller technique du ministre des PTT, il avait réussi à éviter une deuxième scission semblable à celle de la création du réseau de l'ORTF - cette fois c'était un projet de réseau de transport de données, financé et exploité par les industriels - en obtenant une entrevue avec Bernard Esambert, alors conseiller technique de Georges Pompidou.

Louis Joseph Libois fut le premier à venir nous parler.
Maurice du Mesnil prit la suite en évoquant, avec sa traditionnelle facilité d'expression, plusieurs anecdotes :


Bernard Esambert ayant rappelé fort justement l'exceptionnelle croissance du réseau rendue nécessaire pour rétablir la situation, Maurice du Mesnil confirma que la croissance du nombre d'abonnés de sa région qui n'était que de 4% en 1966, a atteint 12% en 1972 et que de 1972 à 1976 la croissance du nombre de circuits interurbains a dépassé chaque année 30%.

Il a rappelé aussi que le ministre Robert Galley, vers 1970, a enfin cassé les structures obsolètes du système PTT en région, et que d'autre part il a fixé aux chefs de services des télécommunications quatre objectifs précis :

Henri Daviaud a raconté - alors directeur de l'équipement - comment, grâce à l'abstention de la CGT, la séparation du budget des PTT avait été acceptée.

Denis Varloot est intervenu en précisant qu'il venait, le 3/12/01, de faire une conférence sur l'histoire devant l'AHTTI où il a parlé du personnel. Cette conférence fera l'objet d'une publication ultérieure.
Bernard Esambert nous a dit, en parlant du palais de la découverte :
"je l'ai fréquenté en culottes courtes, grâce à mon père qui m'y amenait toutes les semaines et j'ai fini par le connaître par cœur ; ce fut sa fréquentation qui m'a peut être conduit à devenir ingénieur. J'y ai en tout cas découvert que j'étais daltonien..

Robert Chapuis qui passa une bonne partie de sa carrière dans des instances internationales raconta qu'une des sociétés de financement - francetel (?) - avait son capital entre les mains d'un de ses amis américains.

André Darrigrand, avec sa modestie habituelle et son sourire légendaire, confirma les difficultés rencontrées par les dirigeants sur le terrain.

Bernard Poisson rappela l'importance jouée par les avances remboursables qui permettaient de faire face aux dépenses de fonctionnement.

Jean Claude Godard, enfin, demanda à Bernard Esambert de nous parler de Georges Pompidou.

C'était un homme remarquable, qui lisait beaucoup ; parfois il demandait des écrits à ses collaborateurs, comme s'il était en manque ! Sa prodigieuse capacité d'analyse et sa connaissance des problèmes le poussaient à agir, à prendre des décisions, à imposer sa volonté. C'était un chef caractérisé par un comportement courtois en même temps que ferme.

C'est alors que Michel ATTEN reçoit des mains du conférencier un extrait de ses mémoires sur cette période. Yves Fargette l'en remercie puis nous nous sommes retrouvés au sous-sol d'Alleray pour une agape familiale et fort conviviale.

Félicitations à Jean Grenier pour le choix de ce conférencier.

L'auditoire est toujours aussi attentif
G.Malléus, M.du Mesnil, Bianne,
Fournier,
R. Chapuis, L.J Libois, Thué, Houssin, J.Hénaff, J-C Godard,
 
G. Nègre, Waline,
 
Maurice du Mesnil évoque ses souvenirs de Président des ingénieurs en 61/64
Henri Daviaud a une bonne mémoire

Copyright(c). Created : 23/01/02 Updated : 24/02/03
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