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Paris, janvier 2004

L'évolution d'EDF dans un environnement international et concurrentiel
par Lucien-Louis BAYLE

Jean Michel FAUVE, ancien Directeur Général Adjoint à EDF fait sienne, dès le début de son propos, la formule suivante : " rendre possible ce qui est souhaitable dans la conduite des entreprises ".

Selon lui, EDF est une entreprise qui ne pourra plus se prévaloir d'une progression de 6 à 7 % par an. Son expansion devra passer inexorablement par la conquête de nouveaux marchés internationaux, par l'acquisition de sociétés et par l'obtention de droits préférentiels. Il faudra enfin éviter à tout prix toute ingérence politique dans les choix stratégiques de l'entreprise. Le succès est à ce prix.

En effet, le caractère à la fois national et international d'EDF lui a permis, jusqu'à ce jour, de s'adapter en toute autonomie, à l'évolution accélérée d'une économie libérale et mondialiste. Plusieurs exemples significatifs et d'inégale importance existent pour l'attester : l'acquisition de centrales électriques et la construction d'un réseau de distribution en Argentine, la pleine propriété du réseau électrique de Londres, la participation française - à hauteur de 25 % - du réseau italien. Faut-il poursuivre dans ce sens et avec une telle diversification pour les années à venir, dans un environnement de plus en plus internationalisé et concurrentiel ?

A cette question, Jean Michel FAUVE souhaite apporter une réponse personnelle et réaliste, après avoir fait un état des lieux. Aujourd'hui, l'objectif principal de tout pays est de se doter, en toute indépendance, d'une couverture énergétique totale pour couvrir des besoins en énergie croissants. Or, plusieurs obstacles viennent contrecarrer un si bel objectif. Il faut d'abord constater que les pays d'Europe Centrale n'ont réalisé aucune infrastructure de production depuis 25 ans, alors qu'ils ont l'ambition de rejoindre très vite l'Europe économique et politique. Ensuite, il faut plus de 10 ans pour construire une structure de production opérationnelle.

Cette situation énergétique est d'autant plus préoccupante, pour Jean Michel FAUVE, qu'il faut faire un dernier constat : les pays en voie de développement, dont les besoins en énergie sont considérables, accusent à la fois des retards technologiques et une pénurie importante de cadres.

Enfin, une dernière difficulté est à surmonter dans les pays dont le niveau économique et technique ne souffre d'aucun retard. En effet, les besoins nationaux et européens en énergie nécessitent des capitaux considérables. Un exemple significatif permet de comprendre la dimension du problème financier à résoudre : en 1978, il a fallu mobiliser l'ensemble de l'épargne annuelle française pour financer la politique d'EDF de notre pays.

Pour conclure, Jean Michel FAUVE souligne à nouveau toute l'importance d'EDF dans l'économie nationale, européenne et mondiale. A ce titre, il revendique, pour cette entreprise, une autonomie d'action et de moyens largement éloignée de tout enjeu politique. Marcel BOITEUX, en son temps, et qui fut Président d'EDF pendant 18 ans, avait compris cette obligation. Seule une autonomie financière, technique et énergétique permettra de faire d'EDF une entreprise incontestée, vis à vis de ses pairs, dans le domaine qui est le sien, tant au plan européen qu'au plan mondial.