Un livre sur la Fédération C.F.D.T. des P.T.T. paru au premier trimestre 1999

1919-1990...
La Fédération C.F.D.T. dans l'histoire des P.T.T.
par Christian Dubonnet

C'était, au départ, une aventure un peu risquée à laquelle se sont livrés quelques anciens responsables de la Fédération, aujourd'hui retraités, pour raconter dans un livre 70 ans de l'histoire de leur organisation. Ils ont dû, pour mener à bien ce travail, piocher dans les archives, interroger les principaux acteurs économiques et sociaux de l'époque, afin de faire revivre les grands évènements qui ont jalonné l'action de la C.F.D.T. des P.T.T. de 1910 à 1990.
Cette chronique est découpée en quatre périodes, chacune bien typée, complétée par une partie thématique autour de quatre problèmes qui ont particulièrement marqué l'organisation tout au long de son existence : La première période de 1919 à 1940 décrit la naissance puis le développement du syndicalisme aux P.T.T., sous l'impulsion de quelques femmes, véritables pionnières dans un environnement hostile, marqué par un antiféminisme latent. Elles ont souhaité faire entendre une autre voix que celle de la toute puissance de la C.G.T., essensiellement centrée sur une orientation ouvertement révolutionnaire. La référence à la morale sociale chrétienne sous-entend cette autre démarche syndicale, ce qui n'interdit pas de participer quelquefois à des actions pour défendre les intérêts matériels et moraux des salariées. En se masculisant, les fondatrices de ce premier syndicat féminin abandonneront aux hommes les principaux postes de responsabilité. Les employées des P.T.T., demeureront longtemps sous-payées par rapport à leurs homologues masculins et interdites d'accés aux différents postes d'encadrement de l'Administration.

La deuxième période s'ouvre aprés la parenthèse de Vichy et la fin de la dernière guerre mondiale, de 1944 à 1963. C'est une période marquée par l'important conflit d'août 1953 contre les décrets Laniel, mais surtout pour exprimer un profond ras-le-bol face à une reconstruction du pays qui laissent un peu trop en jachère le développement des P.T.T., et le sort de son personnel. Il a fallu d'abord reconstruire le syndicalisme qui avait été dissout par le régime de Pétain, ferrailler au quotidien pour défendre les conditions de vie et de travail des agents des P.T.T., malmenés par une inflation galopante et des équipements obsolètes et insuffisants. La Fédération obtiendra l'extension pour tous les fonctionnaires de la Sécurité Sociale, et l'adoption par le Parlement d'un véritable statut de la Fonction Publique.La première génération de responsables, qui avaient contribué au démarrage de l'organisation, sera trés vite contestée par les nouveaux venus, souvent issus des mouvements de jeunesse, qui entendent inscrire totalement la C.F.T.C. dans la continuité du Mouvement Ouvrier. Mais cela suppose une présence permanente aux luttes des travailleurs avec les autres syndicats, cela suppose aussi une ouverture de ce syndicalisme à l'ensemble de la classe ouvrière en laïcisant l'organisation. Ce sera l'objet du congrès de l'évolution en novembre 1964, la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens devenant la C.F.D.T., la Confédération Française et Démocratique du Travail.
1964/1980, c'est la troisième période. "Devenir un acteur essentiel de la transformation sociale", telle est la nouvelle ambition fédérale, impulsée par des militants issus de ce qu'on appelait la "Minorité". Désormais, on doit s'intéresser à la défense des intérêts immédiats des salariés, mais aussi au devenir des P.T.T., soumis à la toute puissance tutelle du Ministère des Finances, qui se préoccupe essentiellement du maintien des grands équilibres économiques du pays, même si cela conduit à hypothéquer gravement l'avenir des P.T.T. A travers les travaux du Plan, la Fédération affine sa revendication sur l'autonomie des P.T.T., tout en conduisant des actions novatrices sur la réduction de la hiérarchie des salaires, la titularisation des auxiliaires, un développement des P.T.T. au service des intérêts économiques et sociaux du pays. Cette période sera marquée par la plus longue grève que les P.T.T. ont connue, six semaines de grèves à la fin de l'année 1974, la grève des "idiots par milliers" selon la malheureuse formule du ministre de l'époque, pour réagir contre l'immobilisme de l'Administration; C'est le moment où la Fédération recherche un débouché politique aux luttes sociales, en se réclamant du socialisme démocratique et de l'autogestion. En effet pour faire aboutir les revendications, il faut aussi changer la société, s'engager en faveur d'une alternative politique, capable de tailler des croupières à la logique capitaliste qui préside depuis trop longtemps aux destinées du pays.
C'est ainsi que s'ouvre la dernière période, 1981/1990, décrite dans le livre sous le titre : "vers une nouvelle pratique syndicale". Malgré l'arrivée de la gauche au pouvoir, la Fédération comprendra trés qu'il ne faut pas tout attendre d'une alternance politique pour changer les modes de fonctionnement de la société. L'organisation fera avec la Confédération son "recentrage", en revendiquant une totale autonomie de pensée et d'action quelque soit la couleur politique du pouvoir en place. "Il ne faut pas attendre la réalisation de ses objectifs du seul changement politique", déclarera la C.F.D.T. La Fédération prendra alors la responsabilité historique d'accompagner le changement avec la réforme des P.T.T. de juillet 1990, une réforme initialisée, il est vrai, par le gouvernement Rocard/Quilés, une réforme qui concrétise surtout la permanence de l'orientation fédérale en faveur d'une entreprise des P.T.T., capable de se développer dans un environnement qui se mondialise et s'ouvre à la concurrence, tout en demeurant toujours au service de l'intérêt général du pays, en d'autres termes au service des missions de service public
A travers cette longue chronique, on perçoit, ainsi que le rappellent la préface et la postface du livre, la constance des valeurs qui ont toujours imprégné la vie de la Fédération : Il est disponible à la Fédération (47 avenue Simon Bolivar 75019 Paris) au prix de 100 francs l'exemplaire.
Created: 05/06/99 Updated: 06/06/99