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mars 1999
diffusé le 8/9/00
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Câble Patterson

Une conférence s'est tenue à New-York en mai 1889 à l'initiative de l'American Telephone and Telegraph C° (Long Distance Telephone C°) pour remédier aux inconvénients dus à la grande variété des isolements des câbles alors utilisés. Les décisions prises par cette conférence ont été réunies dans les Specifications for Telephone Cables. Les câbles en résultant ont été désignés par "câbles-conférence". M.Patterson, ingénieur en chef de la Western Electric Cy de Chicago, a été l'un des moteurs de ces spécifications).

Il s'agit (référence 2) d'un câble de raccordement d'abonné au téléphone à paires ("fils doubles" dans le document de référence 2). Les conducteurs sont en cuivre très pur (98%) de 1,025mm de diamètre, isolé d'une double enveloppe de coton et la paire a un pas compris entre 70 et 82mm. En principe, chaque câble comprend 50 paires câblées en couches à sens inversées (3,9,16 23 soit un excédent de 2 fils). L'âme ainsi formée est placée dans un tuyau de plomb-étain (97% de plomb, 3% d'étain). Les vides résultant sont remplis par un isolant : paraffine imprégnée de formol pour les câbles Patterson, huile pyroligneuse pour les câbles Faraday. La capacité électrostatique après pose ne doit pas dépasser 0,18 micro farads par mille et la résistance d'isolement ne doit pas être inférieure à 100 mégohms par mille. L'enveloppe de plomb est ensuite recouverte d'une couche d'asphalte et d'au moins 2 rubans de coton pour le câble Patterson, de jute asphaltée pour le câble faraday.

Un câble de cette technique, intéressant par sa faible capacité électrostatique a été mis en essai dans le réseau parisien vers 1890 (référence 3). Le modèle retenu pour l'essai est un câble à 52 paires de conducteurs de cuivre de 1mm de diamètre. Les 2 conducteurs d'une paire, isolés individuellement par 2 couches, enroulées en sens inverse, de coton paraffiné, une blanche, l'autre mêlée de rouge, sont câblés ensemble au pas de 10cm. Le câble entier est formé autour d'un centre de 3 paires câblées ensemble, entouré d'un lien. L'âme ainsi formée est recouverte d'une couche de fils de coton, puis plongée dans un bain de paraffine et glissée dans une tube de plomb de 5mm d'épaisseur. Le diamètre du câble terminé est de 53mm. Il est livré en longueur comprise entre 170 et 200m.

Ce câble se différencie des autres câbles fabriquées à l'époque avec comme isolant la paraffine sous diverses formes (par exemple, référence 1, câbles Felten et Guillaume, câbles du système Brooks, dont un essai a été réalisé à Versailles sur 500m) ou avec d'autres substances liquides de la même catégorie (par exemple, huile de caoutchouc, par Siemens et Halske, même référence) par l'étape ultime de sa fabrication, son remplissage sous pression d'un mélange de gaz carbonique et de paraffine : en injectant sous une pression de 5 à 6 atmosphères du gaz carbonique par une extrémité de la longueur puis, par l'autre extrémité, de la paraffine sous 7 à 8 atmosphères, les conducteurs se trouvent noyés dans une couche de paraffine emprisonnant des bulles de gaz carbonique. Cet isolant, original, diminue la capacité électrostatique tout en formant aux extrémités de la longueur un bouchon isolant et hydrofuge.

Un autre avantage est que le raccordement est moins délicat que pour des câbles isolés à la gutta, technique alors la plus courante. Les fils sont simplement raccordés par torsade isolée par un manchon de fils de coton très serré, puis on coule de la paraffine chaude, enfin on place un manchon en plomb, soudé à l'étain à l'enveloppe en plomb du câble.

Cet essai semble n'avoir eu aucune suite. En effet, aucune trace de cette technique n'a été trouvée dans un document ultérieur, même dans ceux décrivant plusieurs types de câbles.

La Collection Historique des Télécommunications ne possède pas d'échantillon de ce câble.

Référence
1 - Rapport du jury international de l'exposition d'électricité de 1881 - Annales télégraphiques de 1883
2 - Sur l'état de la téléphonie dans l'Amérique du Nord - Rapport de M.G.Warner, Conseiller des Postes à Berlin, lu à la Société électrotechnique de cette ville le 28 janvier 1890 - Annales télégraphiques de 1890
3 - Téléphonie pratique - L.Montillot - A.Grelot - 1893


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