mercredi 8 septembre 1999

Après mon départ en retraite (juin 1995), j'ai commencé de travailler à la transcription en braille de livres d'enseignement pour jeunes aveugles.

Il existe une différence importante entre cette activité et la transcription en braille d'autres sortes de livres, tels que les romans. Actuellement, ce dernier type d'ouvrages peut être copié sur un fichier informatique, par frappe au clavier de micro-ordinateur avec un traitement de texte classique. Divers organismes, comme l'Association Valentin Hauÿ, disposent d'équipements, matériels et logiciels qui, à partir du fichier ainsi créé, impriment en relief les pages braille.

Mais les livres scolaires comportent le plus souvent des passages « non linéaires » : graphiques, tableaux, schémas, illustrations, formules,... qui exigent une mise en forme, une description, une explication, pour être compris par l'élève aveugle comme ils le sont d'emblée par un voyant.

Un organisme, « Le livre de l'Aveugle », a été créé dès 1917 pour fournir aux jeunes aveugles présents isolément dans le système scolaire normal les transcriptions d'ouvrages dont ils ont besoin.

Jusqu'en 1993, les bénévoles effectuaient ce travail sur des machines mécaniques « Perkins » imprimant directement en relief les signes braille sur une feuille de papier très épais.

Depuis, ils disposent d'un logiciel informatique spécialisé permettant de travailler sur micro-ordinateur de façon beaucoup plus souple : la relecture et les corrections sont aisées, alors que la frappe sur « Perkins » est quasi-irréversible. Le fichier enregistré sur disquette sert ensuite à commander une imprimante en relief dont dispose l'organisme.

Cependant, dans le cas des ouvrages scientifiques, les figures et graphiques doivent être « piqués » à la main sur une feuille de papier fort, et les annotations littérales ou chiffrées complémentaires sont frappées sur cette feuille avec une « Perkins ».

Le « copiste » doit donc apprendre les signes braille, l'utilisation du logiciel et les principes de la transcription des ouvrages d'enseignement. Cette formation de base dure environ trois mois. Elle sera suivie de la transcription d'un premier livre en braille « intégral », puis de l'apprentissage du braille « abrégé » utilisé, en gros, à partir des classes secondaires.

Les ouvrages mathématiques, ou plus généralement scientifiques, nécessitent d'apprendre en plus les modalités de transcription des formules et les signes spéciaux utilisés.

Un livre scolaire de 160 pages donne environ huit volumes braille de 100 pages chacun (il en existe de plus gros !). La transcription doit être effectuée en général entre septembre (date où parvient la demande) et mars ou avril (début du 3ème trimestre scolaire). Cela exige de pouvoir y consacrer environ deux heures par jour régulièrement sur cette période ; c'est donc une activité assez prenante, mais combien utile.

Si des « jeunes » retraités se sentent le désir et la possibilité de se lancer dans cette tâche, ils peuvent prendre contact avec moi (01 34 51 17 31).

Bernard POISSON

Created: 08/09/99 Updated: 08/09/99