Paris le 21 novembre 2004

Notre collègue René REVOL nous a fait parvenir une note qui fait le point sur les perspectives de développement du "Wimax", en France.

Tel/Fax : 01 69 09 68 00 Mobile : 06 07 96 84 76
E-mail : rene.revol@wanadoo.fr


Objet: Perspectives de déploiement du WiMax

Dans le cadre du suivi des nouvelles technologies, je te fais parvenir une note d'information sur les perspectives de déploiement du WiMax. Contrairement à la Boucle Locale Radio centrée sur 26 GHz, qui s'appuyait sur des infrastructures lourdes et coûteuses, le système WiMax apparaît comme une solution alternative peu onéreuse et facile à mettre en œuvre dans les zones non accessibles à l'ADSL. France Télécom précise que la phase d'expérimentation actuelle cèdera la place à des réseaux opérationnels dès le début de 2005 et que les consultations vont se multiplier sous la pression des Collectivités Locales faisant appel à des Délégations de Service Public. A terme, le nombre d'accès à haut débit sans fil pourrait représenter 5% du nombre de lignes ADSL, lequel s'élèvera à 6 millions en fin 2004. Par ailleurs, le volume d'affaires du WiMax sera plus élevé dans les Filiales du Groupe France Télécom car les réseaux filaires sont moins développés.

Bien cordialement

René REVOL

Perspectives de déploiement du WiMax

Note d'information :

  1. Généralités

    Deux ou trois ans après l'arrivée du WiFi, le nouveau standard WiMax fait son apparition sur le marché de l'Internet à haut débit. Cette technologie d'accès radio devrait s'imposer dans le monde du haut débit sans fil car elle présente des performances très supérieures à celles des systèmes en place. Elle intéresse particulièrement le Groupe France Télécom qui s'est engagé à couvrir 90 % de la population en haut débit d'ici fin 2005 et qui recherche des solutions complémentaires à l'ADSL pour la couverture du "dernier kilomètre".
  2. Présentation du système WiMax

    Le système WiMax porte le nom d'une association chargée de promouvoir le standard IEEE 802.16 et qui comprend une centaine de membres (industriels et opérateurs télécoms) parmi lesquels AT&T, Intel, Alcatel, Nokia, Siemens Mobile, France Télécom, British Telecom et Altitude Télécom. Ce système est actuellement en voie de normalisation internationale (norme 802.16-2004 validée par l'IEEE en juin 2004), afin de garantir l'interopérabilité entre les équipements et la sécurité des transmissions.
    Le nouveau standard se caractérise par sa souplesse et sa simplicité d'installation. Il permet d'offrir un débit théorique de 70 Mbps (20 Mbps dans les expérimentations en cours) avec une portée théorique de 50 km (20 km dans les expérimentations en cours) alors que la portée du signal WiFi est limitée à quelques centaines de mètres.
    Le WiMax apporte donc une réponse appropriée au problème posé par certaines zones rurales, ou zones difficilement accessibles, qui sont privées de l'accès haut débit pour des raisons d'éloignement et de coût de revient.
    Dans la bande centrée sur 3,5 GHz, on peut s'affranchir de la ligne de vue directe et tolérer des obstacles comme les immeubles qui ne compromettent pas les transferts d'informations, mais le WiMax excelle dans sa capacité de diffusion sur une zone territoriale étendue.
    Cette technologie est donc accessible aux particuliers trop éloignés pour être raccordés à l'ADSL mais aussi aux PME/PMI installées dans des zones artisanales ou industrielles trop excentrées. De plus, le WiMax et le WiFi peuvent cohabiter et se compléter car la norme permet d'interconnecter les " hot spots WiFi " et d'allouer le débit en fonction des besoins. Le nouveau standard intègre également la gestion des postes clients sachant que plusieurs terminaux peuvent se connecter à une seule et même antenne pour partager l'accès.
  3. Expérimentation dans les Côtes d'Armor

    Avec l'appui de la Direction Régionale de Bretagne, les équipes R&D de France Télécom mènent une expérimentation en Val-de-Rance (Côtes d'Armor) qui préfigure les usages du WiMax dans des zones non desservies par l'ADSL :
    • le Wireless IP (WIP) permet à une station de base installée au pied d'un pylône à Dinan-Léhon (Côtes d'Armor) de desservir des points d'accès WiFi, ou des clients isolés en accès direct, dans un rayon d'une quinzaine de kilomètres ;
    • le WiFi permet de desservir en haut débit, et dans un rayon de quelques centaines de mètres, les particuliers dont le domicile est équipé d'une antenne de réception parabolique et d'un modem.
    Au total, une trentaine de personnes, réparties sur trois communes (Trélivan, Evran et Plélan le Petit), participent à l'expérience et bénéficient d'une connexion à 512 kbps, indépendamment du fournisseur d'accès.
    La rapidité et la simplicité du déploiement, l'allocation dynamique du débit et l'absence de
    schéma du réseau
    délais de transmission constituent les premières remontées d'informations très positives.
    L'expérimentation sert à mieux cerner les marchés potentiels, mais aussi à évaluer l'importance des investissements à effectuer pour mettre en place un tel réseau à grande échelle.
  4. Les domaines d'application du WiMax

    La première version commerciale du WiMax permettra aux particuliers des zones à habitat dispersé de bénéficier de l'Internet haut débit et aux entreprises situées dans les mêmes zones de reconstituer leurs réseaux locaux à moindres frais et entre plusieurs sites si nécessaire.
    Pour les fournisseurs d'accès Internet comme pour les opérateurs télécoms, le haut débit autorise des offres globales sur IP (voix, données et vidéo).
    A terme, la norme 802.16 permettra d'utiliser le WiMax en situation de mobilité avec une vitesse de déplacement pouvant atteindre 100 km/h et avec un maintien des sessions lors d'un changement de borne-relais (handover). Par ailleurs, cette nouvelle technologie sera capable de capter le meilleur signal, c'est-à-dire de choisir entre les signaux WiFi et WiMax. Ce dernier possède donc les atouts pour s'imposer et même concurrencer la téléphonie mobile 3G qui propose des applications similaires. Néanmoins, le WiMax est surtout destiné à l'échange de données à domicile ou au bureau. Le géant du microprocesseur (Intel) mise d'ailleurs sur la complémentarité des deux technologies et sur la convergence des réseaux de téléphonie fixe et mobile.
  5. L'infrastructure et l'énergie

    Le site émetteur WiMax peut être assimilé à une station de base pour mobiles qui consommerait quelques centaines de watts et dont l'infrastructure intègre un pylône et un shelter.
    Les 6500 sites hertziens du réseau de TDF, en particulier les 4000 sites réémetteurs du réseau complémentaire qui se trouvent dans les zones à habitat dispersé, pourront héberger une grande partie des émetteurs WiMax (cas de l'expérimentation de DINAN). Dans les autres cas, les implantations seront négociées avec les collectivités locales, les PME, etc.
    Selon l'origine et les options retenues, l'émetteur/récepteur WiMax peut être alimenté sous 48V ou sous 230V/50Hz, avec ou sans sécurisation, et sa consommation peut varier entre 300 et 500W.
    Globalement, le contrat EDF dédié à une station de base WiMax doit être porté à 6 kVA pour tenir compte de la consommation du terminal de faisceau hertzien (200 à 400W) et de celle des équipements annexes du shelter léger (extracteur d'air, chauffage d'appoint…).
  6. Les premiers équipementiers

    Parmi les principaux fournisseurs actuels de matériel WiMax, on trouve Wilan (Canada), Alvarion , (Israël), Aperto (USA/Californie), mais sous l'influence des fabricants de microprocesseurs (Intel et Futjitsu), les grands équipementiers comme Nokia, Motorola, Siemens et Alcatel préparent des produits WiMax.
    Les clients des équipementiers sont des opérateurs télécoms, locaux et nationaux, ainsi que des collectivités locales habilitées à relayer les opérateurs pour pallier les conséquences de la fracture numérique.

    Remarque : France Télécom a utilisé du matériel Aperto pour son expérimentation à DINAN et Altitude Telecom a réalisé ses premières stations de base avec Wilan et Alvarion.
  7. Les opérateurs de réseaux en présence

    L'expérimentation de France Télécom mise à part, le WiMax est déployé par Altitude Télécom (*) qui annonce l'installation d'une cinquantaine d'émetteurs principalement en Vendée, en Normandie et en Ile de France, au rythme d'une station de base tous les 15 jours. Cet opérateur utilise une antenne à 3,5 MHz qui délivre 12 Mbps avec une portée de 20 km et couvre une cinquantaine de clients. Il a remporté plusieurs appels d'offres lancés par des départements et considère que le WiMax va contribuer à l'aménagement du territoire avec la desserte d'un million d'utilisateurs potentiels en 2010.
    Altitude Telecom est le seul opérateur alternatif français, créé au début des années 90, qui détient des licences de Boucle Locale Radio à 26 GHz et qui a obtenu une licence nationale à 3,5 Ghz pour le déploiement du WiMax " pré-standard ".
    Neuf Telecom annonce qu'il va exploiter ses réseaux de fibres optiques installées le long des voies ferrées pour développer son réseau à hauts débits et mettre en œuvre des stations d'émission/réception WiMax.
    La bande de fréquence du WiMax (3,4 à 3,8 GHz) étant une ressource rare dans l'hexagone, l'ART a lancé une consultation publique en juin 2004 pour définir les nouvelles modalités d'attribution des licences.
    De leur coté, les opérateurs de téléphonie mobile se consacrent au déploiement des réseaux 3G et des points de connexion WiFi, en considérant que le WiMax restera cantonné à des marchés de " niche ".

    (*) Altitude Telecom, Immeuble Magellan, PAT La Vatine, 76130 Mont Saint Aignan Tel : 02 35 12 28 00
  8. Conclusion

    Technologiquement, le WiMax semble extrêmement prometteur et il ouvre la voie à de nombreux services avec la perspective d'utilisation d'un terminal unique de communications. Sa capacité à couvrir "le dernier kilomètre" en fait une technologie alternative complémentaire vis-à-vis de l'ADSL, de la boucle optique, etc.
    A l'échelle de la planète, ce sont les pays en voie de développement qui pourraient profiter au maximum de cette technologie de communications sans fil, l'une des moins coûteuses, pour donner un nouvel essor à leur économie.
    Certains prévisionnistes assurent qu'à plus long terme, elle pourrait toucher plusieurs milliards d'individus dans les pays en voie de développement.

René REVOL (10/11/04)

Glossaire, abréviations, sigles:

WiFi : Acronyme de "Wireless Fidelity"
WiMax : Worldwide Interoperability for Microwave Access
ART : Autorité de Régulation des Télécommunications
IEEE : Institute of Electrical and Electronics Engineers


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