par Pascal Viginier, Directeur de France Telecom R&D
Bienvenue dans les Jardins de l'Innovation de France Telecom pour cette journée dédiée à la mémoire de Jean-Pierre Noblanc.
Je remercie très sincèrement Mme Noblanc pour sa présence parmi nous.
Je souhaite remercier également tout particulièrement Maurice Bernard, à l'origine de cette journée, Jean Jerphagnon et Didier Lombard qui ont été des amis de Jean-Pierre Noblanc, qui ont joué un rôle majeur dans sa vie professionnelle et qui vont évoquer avec nous aujourd'hui cette aventure technologique et industrielle extraordinaire.
Je souhaite aussi remercier l'ensemble des intervenants à cette journée, qui ont été des proches du parcours de JP Noblanc : Michel Voos, JY Marzin, Daniel Bois, Denis Randet, Philippe Rouvillois, Joel Monnier, Michel Brillouet et Claude Weisbush et enfin Pasquale Pistorio pour leur présentation.
Jean-Pierre Noblanc, pionnier de la recherche en opto et microélectronique.
Mais avant de débuter le programme de cette journée, je souhaiterais en quelques mots revenir sur le parcours exceptionnel de Jean-Pierre Noblanc
Originaire de Bretagne
1960 Diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité
1962 thèse d'ingénieur docteur sur l'étude d'un système de télémesure multicanaux (chez Yves Rocard de l'ENS)
2 ans de service militaire à la Branche Recherche Scientifique de la marine nationale, détaché au CNET dans le laboratoire de physique des semiconducteurs dirigé par Maurice Bernard
1964 Rejoint le CNET comme nouvel embauché et ses travaux portent sur les propriétés optiques et les lasers semi-conducteurs
1970 Il soutient brillamment sa thèse sur la "Contribution à l'étude des transitions excitoniques dans le Tellure de Cadmium". Thèse encadrée par Maurice Bernard.
Il aurait pu continuer une carrière traditionnelle de chercheur. Mais JP Noblanc a des qualités rares : un fort leadership, c'est un meneur d'hommes et le goût des applications concrètes, de la technique, dans ce qu'elle a de plus noble.
En 1971 il devient Chef du Groupe "Optique Physique Appliquée" et se lance dans la course technologique, en travaillant sur les sources pour télécommunications optiques et les nouveaux composants pour visualisation.
L'objectif est de développer des composants optoélectroniques en s'appuyant sur les meilleurs chercheurs et les meilleurs experts matériaux. Et le succès vient justement de cette étroite combinaison de connaissances scientifiques et des techniques !
A cette époque se construit la réputation, qui va devenir WorldClass, des laboratoires de Bagneux, grâce à 3 hommes et leurs équipes : Maurice Bernard, JP Noblanc et Jean Jerphagnon. Une aventure technologique et scientifique et également une aventure humaine, faite de respect et d'amitié.
En 1975, il devient Chef du Département "Optique Appliqué et Microélectronique" . A cette époque une partie des labos du CNET Bagneux constitue le LA250 du CNES.
La collaboration entre les aspects recherche de Jean Jerphagnon et la recherche technologique de JP Noblanc est exemplaire et permet au CNET de détenir des records de performance au niveau mondial dans les composants télécom par fibres optiques.
En 1980 JP Noblanc devient responsable de l'en- semble des laboratoires de Bagneux, c'est-à-dire un centre qu'il a largement contribuer à construire de 300 personnes reconnus au niveau mondial pour ses compétences et ses techniques d'élabo- ration et de contrôle des matériaux.
La mutation en profondeur du secteur des télécoms en France dans les années 90, la transformation progressive et définitive du Centre National d'Etudes de Télécommunication en centre de R&D du Groupe France Télécom, vont donner un nouveau tournant à la carrière de Jean-Pierre Noblanc.
A la fin de l'année 1990, il devient le directeur du Centre Norbert Segard, de Microélectronique de Grenoble, à la suite de Michel Camus puis à partir de 1994, occupe les fonctions de directeur du CEA- Industrie auprès du Président chargé du Secteur des Composants Electroniques.
En mai 1997, il devient Président du Comité d'Orientation du RNRT. La liste des projets labellisés par ce réseau serait trop longue. Je retiens qu'ils ont contribué largement au rattrapage par le tissu industriel français de son retard en IP, et lui ont permis d'être à la pointe sur IPv6 et sur les autoroutes de l'information… Des compétences et des technologies que nous déployons aujourd'hui avec l'engagement de France Télécom du haut débit pour tous…
C'est à cette époque que je l'ai personnellement découvert, en tant que Président du Comité d'Orientation du RNRT et également en tant que participant au GIE GRESSI.
En juin 2000, vient le programme MEDEA+, labellisé EUREKA, dont JP Noblanc sera l'initiateur puis le président. Son objectif, tel que Jean-Pierre Noblanc le définissait lui-même, consiste à maintenir la compétitivité de l'industrie microélectronique européenne et l'indépendance des industries clientes en mutualisant les forces européennes du secteur afin que l'industrie européenne atteigne une taille critique mondiale et devienne « leader dans l'intégration des systèmes sur puce silicium ».
Il disait "Nous avons des scientifiques de première
pointure. Mais nous avons été long à accepter de
rapprocher les objectifs de la recherche de ceux de
l'industrie. Ne laissons pas passer notre chance".
Aussi siège-t-il à différents conseils d'administra-
tions :
- THOMSON SA,
- PIXTECH (écrans plats micropointes)
- SOFRADIR (détection infra rouge)
-CILAS (lasers de puissance)
- PICOGIGA (matériaux Arséniure de gallium)
-CEA-INDUSTRIE
Scientifique hors pair, Jean-Pierre Noblanc s'est vu décerner les titres de Chevalier de la légion d'Honneur, de Chevalier de l'Ordre National du Mérite et de Chevalier des Palmes Académiques. Je crois que ce qui me marque le plus dans ce parcours, c'est cette volonté de Jean-Pierre Noblanc de rapprocher la connaissance scientifique et la technique, le "savoir" du "faire".
Ce rapprochement qui permet de passer rapidement des progrès de la science au progrès technologique et au progrès tout court, présent dans notre vie quotidienne.
Cette journée va nous permettre de revivre cette aventure de progrès scientifique et technologique, depuis les années 60 à nos jours.