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Et bien, passez à la CRM maintenant! Actualités Nouveau serveur all-in-web

par Jean-Jacques DAMLAMIAN (le 9 février 2008).

ancien élève de l'Ecole Polytechnique (61)
Diplomé de l'Ecole Nationale des Télécommunications (66)
ancien Directeur exécutif Technologie et Innovation et Responsable des activités de Recherche & Développement de France Télécom

Officier de la Légion d'Honneur
Officier de l'Ordre National du Mérite
Chevalier des Palmes académiques


Le mot communication a en langue française plusieurs sens. Il faut en effet distinguer :
  • les moyens techniques de communication tels que les télécommunications, l’informatique et ce qu’il est convenu aujourd’hui d’appeler les NTIC, les Nouvelles Techniques de l’Information et de la Communication.
  • et tout ce qui concerne le message à émettre, son ciblage, sa forme.

Mais préparer un message et l’émettre n’est pas le but final recherché. Le but final c’est de susciter la bonne compréhension de ce message afin de promouvoir un soutien ou une action. Et on voit bien que le meilleur moyen de s’assurer de la bonne compréhension c’est de susciter une réponse, on dira un « feedback », témoignant de cela. 

Il est important de noter que chaque fois que le moyen technique a sensiblement changé au cours de l’histoire de l’humanité, il y a eu des conséquences sur l’organisation sociale et sur la culture en général. C’est ainsi que Marshall McLuhan avait même dit que « the medium is the message !! », le véhicule du message est lui-même le message. On peut se convaincre de l’effet des moyens techniques de communication en observant les changements dus à  l’invention des moyens successifs tels que l’écriture, l’imprimerie, puis la radio, le cinéma, puis la TV, puis l’Internet…

Commençons par  l’imprimerie. Avec l’imprimerie,  la communication se fait par le livre, par le journal, avec comme conséquences sociales la remise en cause des grandes références historiques  - l’Eglise  (avec La Réforme), la monarchie absolue (avec le Siècle des Lumières, la démocratie…) - et permet la création des partis politiques. L’information publique se véhicule alors par voie d’affiches. Et il devient nécessaire de savoir lire, d’où l’alphabétisation.
Ne peut-on faire l’hypothèse que l’école publique de Jules Ferry, qui a diffusé l’alphabétisation de la population, a conduit à un changement majeur dans l’organisation sociale ? 
N’est-il pas probable que le succès de la loi de 1901 sur les associations en soit une conséquence notable ?

Après l’imprimerie, on peut citer la radiodiffusion dont on sait le rôle dans la diffusion des idées bonnes ou mauvaises,  la propagande, l’impact sur la diffusion de l’industrie musicale…
Puis le cinéma et ensuite la TV .Tous ces moyens techniques ont à leur façon changé la culture et la pratique de la communication entrainant des remodelages profonds de la société et de la façon de vivre des hommes.

Aujourd’hui nous sommes entrés dans une période historique nouvelle avec l’Internet, la communication mobile, la multiplication des canaux de TV de toute sorte….  et cela semble aller en s’accélérant. Nous assistons à une  fragmentation croissante de l’attention. Il n’y a plus le 20h de la Une avec les Léon Zitrone…

Alors en quoi les NTIC ont-ils changé la donne ?
D’abord, sous nos yeux et en quelques années seulement, le mode de vie des Français, mais aussi à un certain degré de toute l’Humanité, a subi une révolution.

Aujourd’hui en France plus de 15 millions de foyers ont accès à l’internet haut débit, soit plus de la moitié des foyers et la croissance continue rapidement au rythme de 2 millions  environ sur 2007.

Il y a près de 56 Millions d’abonnés au mobile en France (88% de la population).

Il y a plus de 4 milliards de lignes téléphoniques dans le monde dont les 2/3 sont mobiles pour une population mondiale de 6,6 milliards!!!

Et les usages changent rapidement aussi bien en France, et les pays développés que dans les pays en développement.

Le téléphone mobile,  toujours branché et toujours sur soi, crée une accessibilité permanente en particulier par les SMS . Il permet aussi de recevoir et d’émettre son courrier électronique, le push mail comme avec les Blackberry, gommant de plus en plus  la  frontière entre les périodes de travail et les périodes hors travail. 
Et ce n’est pas tout : les chats, les blogs, les Wikis, les flux RSS, l’Instant Messaging (comme MSN..) ; les réseaux sociaux, ….
Toutes les informations viennent ou sont recherchées à travers l’Internet.  Tout cela explique déjà la crise de la presse qui s’accentue. Beaucoup de personnes n’achètent plus de journaux mais en consultent les articles via leurs ordinateurs.

Il est d’usage de dire que nous sommes passés de la société industrielle à la société de l’information et de la communication… Mais attention au  problème que nos cousins Québécois  ont nommé l’infobésité !!!: Trop d’informations tue l’information utile !!

Et avons-nous progressé dans la compréhension de l’autre ??? Car à quoi sert cet océan d’informations si l’émetteur n’arrive plus à sensibiliser les récepteurs qu’il voudrait atteindre.

En effet l’hypercommunication risque de conduire à l’incompréhension mutuelle.

Comment lutter contre ce risque ? La réponse n’est pas évidente, et nous apprendrons, je l’espère petit à petit. Je me risque ici à donner une opinion personnelle.

Pour moi, une amélioration sensible serait d’aller vers établissement d’un protocole explicite préalable à la communication entre les émetteurs et les récepteurs.

Dans le passé, il y avait un protocole explicite.  C’était :
  • la carte de visite avec son adresse postale et son numéro de téléphone
  • L’utilisation ou non de la liste rouge pour ne pas figurer à l’annuaire téléphonique.
  • la convention des heures admises pour téléphoner.
Aujourd’hui il faudrait un protocole explicite du genre suivant:
  • voici mes moyens de communication (à choisir parmi, par exemple, mon téléphone fixe, mon mobile, mon adresse  de courrier électronique, mon adresse d’Instant Messaging, mes réseaux sociaux, etc… …) et voici comment, dans quelles circonstances et dans quel ordre vous pouvez les utiliser.
  • Une convention nouvelle pour structurer la formulation des messages pour en faciliter la compréhension. (objet, mots clés, résumé en tête, action attendue…)
  • L’utilisation convenue d’une réponse, le feedback, pour signifier que le sens a été bien compris.
Les techniques de communication et leurs évolutions ont bien entendu des conséquences très importantes en ce qui concerne les associations, qui sont en France une particularité très puissante du tissu social.
    Une association se crée en général dans un but d’action, ou de partage et de propagation d’idées. Les nouveaux outils des NTIC permettent de largement démultiplier les moyens d’action du passé, à condition de les utiliser pertinemment.
   
En général une association
  • est constituée de membres qui élisent des dirigeants,
  • vise à réaliser avec ses membres et ses sympathisants des actions précises de tous types
  • parmi ces actions, il peut y avoir  en particulier, des actions de sensibilisation à certains problèmes, avec des propositions de solution qui auront besoin de ressources financières.
Et pour une association, la communication ici consiste à
  • informer les membres
  • motiver les membres  pour l’action
  • informer et motiver les sympathisants pour qu’ils deviennent membres
  • informer et motiver le grand public pour le faire passer dans la catégorie des sympathisants.
De plus il peut y avoir une action particulière envers les pouvoirs publics.

On peut ainsi représenter une association sous la forme de plusieurs cercles concentriques, auxquels s’ajoutent les structures partenaires : 3 cercles.
- les membres dirigeants
- les membres actifs
- le monde extérieur avec les sympathisants, les autorités, les partenaires éventuels

Le premier cercle est un cercle de travail où chacun doit participer activement dans sa fonction propre. La communication à l’intérieur de ce cercle est symétrique et sans hiérarchie. Il est souhaitable d’instituer ici un premier protocole explicite à respecter entre les membres.
Tous doivent se mettre d’accord pour permettre ce travail de collaboration étroite : usage du mobile, du mail, de l’IM, du partage sur un Intranet réservé au cercle, fréquence des accès, la téléconférence, etc…

La relation entre le premier cercle considéré comme une entité et l’ensemble des membres du second cercle doit lui aussi faire l’objet d’un protocole explicite. Quels modes seront utilisés, avec quelle fréquence, comment passer des alertes?
Ici la communication étant plus hiérarchique dans le sens descendant, il faut prévoir les modalités pratiques de l’information remontante (le feedback). Un Intranet sera un des moyens essentiels à promouvoir et à utiliser mais pas le seul. Par exemple chaque membre de l’association devrait être invité à dire quel est le moyen par lequel il souhaite recevoir les informations en provenance du premier cercle. Ce moyen serait à choisir sur une liste mise en ordre préférentiel proposé par les dirigeants. Exemple : Mail, SMS, téléphone mobile, téléphone fixe, la Poste, …

Quant à la communication de l’association avec le 3ème cercle, les techniques de segmentation seront appliquées pour définir des catégories homogènes avec des moyens spécifiques à chaque catégorie. Le site internet ouvert à tous sera de plus en plus le moyen le plus efficace et le moins coûteux… mais pas le seul, surtout pour la catégorie des partenaires importants pour lesquels un accès par extranet sera envisageable.

Cette analyse s’applique bien dans le cas des associations les plus nombreuses en France, avec quelques centaines ou milliers de membres au maximum. Mais il existe des organisations, comme par exemple le Rotary, qui sont en fait une fédération d’associations aux plans local, national et international. Dans un tel cas, le besoin se fera sentir de réunir des acteurs de plusieurs associations locales ou nationales, et de travailler à des projets communs. Les NTIC permettent d’aborder ce genre de situation en organisant sur l’Internet une architecture fédérale de tous les sites de chaque association locale, nationale et internationale. Il faudra alors instituer des normes permettant le partage et la communication entre les différents sites en transitant par exemple via  des plateformes de communication qui seront alors des extranet avec contrôle d’accès rigoureux et des mécanismes de sécurité.

En conclusion, les outils de communications sont devenus extrêmement puissants mais cette puissance même obligera de plus en plus ceux qui s’en serviront à veiller à ne pas se laisser abuser par elle. Une bonne communication se caractérisera de plus en plus par sa capacité à obtenir une bonne compréhension du message alors que ce message pourrait être noyé dans un océan d’informations assaillant le récepteur. Dans le cadre des associations, un travail de mise au point en amont de protocoles d’échanges, c'est-à-dire de conventions entre les différents groupes émetteurs et récepteurs, permettra de créer cette compréhension recherchée.

 

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