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Groupe "Archives et Témoignages"



octobre 1999

Note sur l'histoire des faisceaux hertziens en France

Sommaire
separateur Histoire des radiocommunications en France-Objectifs
separateur Histoire des faisceaux Hertziens en France-Généralités
separateur Les premières liaisons hertziennnes
separateur Les premières réseaux de faisceaux hertziens
separateur Le développement des réseaux analogiques
separateur La transistorisation des faisceaux hertziens
  1. Histoire des radiocommunications en France-Objectifs
    Les actions entreprises dans ce cadre ont pour but d'établir une description de faits marquants dans le domaine des radiocommunications depuis 1945, en France en général, et plus particulièrement au sein de la DGT (Direction Générale des Télécommunications) et de France Télécom, y compris des listes de référence et de témoins.
    Le terme "radiocommunication" couvre toutes les télécommunications assurées au moyen d'ondes radioélectriques ; on l'étend souvent aux télécommunications assurées au moyen d'ondes lumineuses.
    On peut regrouper les différents sujets couverts en quatre grands domaines :
    a) liaisons radioélectriques "classiques" (principalement en ondes décamétriques)
    b) faisceaux hertziens (à ondes dirigées)
    c) radiocommunications avec les mobiles
    d) télécommunications par satellite
    En plus d'une coordination générale entreprise par Marcel THUÉ, avec le concours de René COLIN de VERDIERE et de Jean Pierre HOUSSIN (et d'autres si possible) une description des 4 domaines mentionnés ci-dessus est prévue :
    - les faisceaux hertziens, dont l'histoire en France est assez riche entre 1950 et 1990, coordination par Marcel THUÉ ;
    - les télécommunications par satellite, où la France s'est particulièrement distinguée entre 1970 et 1990, coordination par Jean Pierre HOUSSIN ;
    - il conviendra d'entreprendre dés que possible une description des faits marquants dans les radiocommunications avec les mobiles, surtout dynamique en France depuis 1980 (on recherche un coordinateur) ;
    - il ne faut pas oublier les radiocommunications classiques en ondes décamétriques, principalement entre 1945 et 1975 (coordination assurée par COLIN de VERDIERE ?)
    On trouvera ci-aprés une synthèse des principaux faits dans le domaine des faisceaux hertziens, qui ont déjà fait l'objet d'un projet de description, avec références et témoins.
    Jean Pierre HOUSSIN a préparé un projet pour les télécom par satellite.
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  2. Histoire des faisceaux Hertziens en France-Généralités
    Le terme "faisceau hertzien" est spécifiquement français et désigne une liaison radioélectrique utilisant la propagation dans la troposphère et des antennes directives, et qui peut comporter une ou plusieurs stations relais dont les caractéristiques sont identiques à celles des stations d'extrémités ; ce terme désigne aussi les matériels destinés à assurer de telles liaisons.
    Terme anglais : "Radio Relay Link" ou "Radio Relay System"
    Terme allemand : "Richtfunk linie" ou "Richtfunk strecke"
    Développés pour des applications militaires pendant la 2ème guerre mondiale, les faisceaux hertziens ont été introduits aprés la guerre dans les réseaux civils de télécommunications, d'abord pour assurer des liaisons difficiles à réaliser en câble (traversée d'un bras de mer, desserte d'îles cotières ou de stations en montagne) puis, en concurrence avec les câbles pour l'équipement des réseaux d'infrastructure nationale ou régionale, procurant aisément des liaisons à large bande (programmes de télévision).
    Ils ont pris une part de plus en plus importante dans les réseaux à grande distance, en particulier dans les pays en développement et les régions montagneuses, compte tenu de leur facilité d'installation. Dans les pays développés, les faisceaux hertziens ont fait jeu égal avec les câbles, procurant une bonne sécurisation des réseaux, ceci jusqu'à la mise en oeuvre des cables en fibre optique, qui ont repris l'avantage au détriment des faisceaux hertziens.
    On peut structurer le développement des faisceaux hertziens en France de la façon suivante (découpage assez arbitraire)
    • les premières liaisons par faisceaux hertziens
    • les premiers réseaux de faisceaux hertziens
    • le développement des réseaux analogiques
    • les faisceaux hertziens numériques
    ces quatre sujets faisant l'objet des paragraphes suivants.
    Il faut noter aussi l'emploi de liaisons hertziennes dans les réseaux d'accés (pour le raccordement des terminaux téléphoniques) et les réseaux de contribution (pour programmes audiovisuels).
    Il ne faut pas oublier de mentionner les faisceaux hertziens transhorizon qui ont joué un rôle marginal en métropole, mais ont donné lieu dans les pays à faible densité de population à des développements à partir de projets français ou à l'aide de matériels français.
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  3. Les premières liaisons hertziennes
    Les premièrs faisceaux hertziens ont été introduits en France avec des motivations différentes :
    a) pour assurer des communications fiables et de bonne qualité entre le Continent et la Corse, au moyen des liaisons en ondes métriques (sans relais intermédiaire)
    • Grasse- Calenzarra en 1947 (12 voies téléphoniques)
    • Grasse (Doublier)-Ajaccio (La Punta) en 1953 (3*24 voies)
    b) pour l'expérimentation de liaisons à large bande en ondes décimétriques, destinées aux réseaux de télécommunications
    • liaison unilatérale de télévision Paris-Lille, avec 2 relais pour l'ORTF (en 1951)
    • liaison Dijon-Strasbourg, avec 2 relais, pour transmission de 60 voies téléphoniques pour les PTT (en 1952)
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  4. Les premiers réseaux de faisceaux hertziens
    Malgré une réticence persistante de la Direction générale des télécommunications (DGT) confiante dans son réseau moderne de câbles souterrains de type coaxial, mais sous la pression du CNET et des industriels, un premier matériel de faisceau hertzien pour liaisons de télévision ou de téléphonie (2*240 voies)-dit GDH101- est intallé en 1953-1956 sur les trajets Paris-Lille, Paris-Strasbourg et Paris-Lyon-Marseille.
    Il est complété aprés 1956 par un nouveau matériel-dit GDH103-pour liaisons de télévision et de téléphonie (4*300 voies) conforme aux recommandations adoptées par le CCIR* (1954-1956) installé sur le trajet Paris-Rouen-Caen-Rennes-Nantes. Ces deux matériels sont construits par CSF et exploités par le service des Lignes à grande distance (LGD) des PTT. Ils ont servi à transmettre dés juillet 1953 de Lille à Paris les images du couronnementde la reine ElisabethII ; ils constituent vers 1960 un premier réseau d'artères à grande distance complétant le réseau de cables coaxiaux, capable de transmettre un grand nombre de voies téléphoniques et, ce que ne permettaient pas les cables coaxiaux de cette époque, les images de télévision à 819 lignes (norme française).
    L'ORTF a besoin de telles liaisons pour acheminer les programmes de télévision à partir de Paris vers les émetteurs régionaux. Des difficultés surviennent quand une liaison de télévision est nécessaire sur un trajet sur lequel les besoins en circuits téléphoniques sont largement assurés par les cables souterrains. Dans un premier temps la DGT autorise l'ORTF à construire ses propres faisceaux hertziens au sein d'une même région, pour desservir Mulhouse à partir de Strasbourg, puis Nice à partir de Marseille. L'ORTF a besoin d'une liaison de télévision entre Paris et Bordeaux, alors que les besoins téléphoniques sont déjà assurés par plusieurs cables coaxiaux. Aprés de longues discussions, l'ORTF est autorisée à établir une liaison par faisceau hertzien entre Bourges, Bordeaux et Toulouse, se raccordant prés de Nevers au faisceau hertzien PTT Paris Lyon. Les faisceaux hertziens de l'ORTF sont contruits avec du matériel TRT, à des fréquences voisines de celles des matériels PTT, et avec des caractéristiques différentes de celles recommandées par le CCIR.
    *CCIR : Comité consultatif international des radiocommunications devenu en 1993 le secteur des radiocommunications de l'Union internationale des radiocommunications (UIT-R)
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  5. Le développement des réseaux analogiques
    La DGT admet finalement l'intérêt des faisceaux hertziens, qui font l'objet de progrés nombreux :
    • remplacement des tubes amplificateurs en hyperfréquence (tubes à ondes progressives, TOP) par des dispositifs à semi-conducteurs,
    • transistorisation des étages fonctionnant en bande de base ou en fréquence intermédiaire,
    • augmentation de capacité de 300 à 600 ou 960 voies, puis 1800 et même 2700 voies.
    Il est alors décidé de construire un réseau hertzien maillé qui double le réseau de câbles coaxiaux, dont il assure l'extension et la sécurisation, avec du matériel aux normes européennes, chaque artère pouvant transmettre jusqu'à 8 canaux radioélectriques, avec du matériel construit par CSF, SAT et plus tard TRT.
    De son côté, l'ORTF, compte tenu de ses besoins propres (distribution de plusieurs programmes nationaux, transit par la France de programmes étrangers) entreprend la construction d'un réseau national à 4 canaux radioélectriques transmettant chacun un programme de télévision et les programmes sonores associés, avec du matériel TRT.
    Le réseau ORTF dessert d'abord les émetteurs régionaux non connectés au réseau PTT, puis se substitue au réseau PTT sur les liaisons anciennes de Paris vers Lille, Strasbourg, Lyon,Marseille et Rennes Nantes, constituant ainsi un réseau national complet différent du réseau PTT : la France est alors le seul pays européen où les transmissions de télévision sont assurées par un réseau entièrement différent de celui assurant les transmissions téléphoniques
    Ce réseau national ORTF est complété par des liaisons fixes à courte distance et des liaisons transportables (liaisons de contribution, reportages)
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  6. La transistorisation des faisceaux hertziens
    La numérisation de la transmission a conduit à remplacer les multiplex à "courants porteurs" (multiplex à répartition fréquentielle, MRF/FDM) par des multiplex tempotels (multiplex à répartition temporelle, MRT/TDM).
    Elle a été d'abord entreprise sur les cables régionaux où les systèmes à 12/60 voies analogiques sont remplacés par des systèmes à 30 voies numériques (en "modulation par impulsion et codage", MIC).
    Les mêmes multiplex à 30 voies sont transmis par des matériels hertziens à faible capacité, avec un débit de 2 mégabits par seconde (2 Mbit/s) puis de 8 Mbits/s (4*30 voies). Ces matériels ont été largement utilisés pour les liaisons régionales, sur des ondes porteuses dans la gamme des 2 GHz.
    Ils ont été complétés par des matériels à plus large bande, pour des débits plus rapides (34, puis 52 Mbit/s).
    Les progrés de la transmission numérique ont permis la réalisation d'un système à grande distance à débit de 140 Mbit/s, sur des ondes porteuses de l'ordre de 7 GHz, puis 11 GHz, qui a été utilisé pour la réalisation d'un réseau national numérique à grande distance, qui s'est substitué progressivement au réseau analogique national, et sera ultérieurement supplanté par un réseau numérique national de cables à fibre optique.
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Marcel Thué

Created: 01/11/99 Updated: 12/04/00